Entretien avec Solène Askareva – Pour un cheval qui pleure
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Ce livre fut avant tout une façon de reprendre le contrôle sur ma vie, après avoir vécu les évènements que j’y relate. Si j’ai tout d’abord eu la crainte de rendre publique ce récit intime, j’ai aujourd’hui complètement surmonté ces craintes grâce aux réactions de mes premiers lecteurs, et au retour qu’ils m’ont fait de ce travail d’écriture.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Ces premiers lecteurs ont pris la mesure de ce que représente une emprise psychique, et quelles peuvent en être les dramatiques conséquences. En effet, l’emprise efface peu à peu toute référence rationnelle et logique. C’est pourquoi elle expose à une incompréhension totale de la part du « monde extérieur ». J’ai tenté d’en démontrer les mécanismes au travers de ce que j’ai moi-même vécu, et ainsi de pouvoir répondre, après avoir pris de la distance, à toutes les questions qui m’avaient déjà été posées. Mes lecteurs ont pu comprendre la montée en puissance des violences et de la peur qui allait avec… Sans oublier ensuite la violence des procédures judiciaires qui ont, à leur tour, souligné ma totale impuissance à pouvoir me défendre. Le sentiment global de mes lecteurs a été une certaine stupéfaction suite aux révélations de cette réalité.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
J’ai pris des notes factuelles dès le commencement des violences. Et en même temps, je faisais des sortes de poésies de ce que je ressentais, et surtout de la peur qui, de plus en plus, infiltrait mes émotions. J’ai aussi beaucoup écrit durant les mois qu’ont duré les procédures judiciaires, dont des textes journaliers par lesquels je me délivrais de mes angoisses, et de ce qui me hantait. Ces textes avaient, ou n’avaient pas de destinataires. Ils n’étaient pas forcément liés les uns aux autres ; je les écrivais non dans le but d’en faire un livre mais pour laisser une trace de ce que j’avais vécu, surtout au cas où je n’aurais plus été là pour en témoigner. Mon travail d’écriture fut d’assembler ces fichiers et de les mettre en cohérence. En ce qui concerne le livre, le plus difficile fut de lui trouver un titre. On m’a interrogée sur les raisons de celui que j’ai choisi… C’est en fait la mort réelle d’un cheval qui m’a inspiré et imposé ce choix, cet évènement ayant coïncidé avec la prise de conscience du piège dans lequel je me trouvais, avec l’agonie de mes dernières illusions.
Solène Askareva, auteure de Pour un cheval qui pleure, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.