Entretien avec Rémi Madar – Voyageurs
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
J’ai éprouvé un sentiment de libération. Je me suis dit que c’était une forme de réalisation après neuf mois d’écriture. Il y a aussi une autre impression : un détachement. Le livre, en quelque sorte, ne nous appartient plus ; il est offert, destiné, consacré aux lecteurs.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Pour être franc, c’est un retour contrasté comme la plupart de mes livres. Mes romans ne font jamais l’unanimité. D’ailleurs, je suis très circonspect relativement à une littérature qui ferait consensus. Certains lecteurs ont beaucoup aimé : ils ont trouvé matière à réfléchir ou ont été émus par ce qui arrivait aux personnages. La fin a pu plaire parfois parce qu’elle a fait « chaud au cœur ». D’autres ont été gênés par une écriture qu’ils ont estimée trop professorale ou grandiloquente…
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
C’est une expérience riche, nourrissante. Il y a eu un article paru dans la presse, des retours de lecteurs, des demandes de dédicaces privées (de nombreuses librairies ne font plus de dédicace à cause de la crise sanitaire). J’essaie toujours de tirer un enseignement de la parution d’un de mes romans. Celui-là, en particulier, m’a permis encore plus de réaliser que faire « voyager » un lecteur via une histoire est crucial. Je rappelle que mon roman s’intitule Voyageurs.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité de mon livre réside dans le fait d’avoir inventé un personnage qui par son incantation poétique repousse les ennemis qui, dans une ville, sèment la discorde. C’est un personnage clé : il donne à voir que la poésie peut jouer un rôle central par les temps qui courent : elle permet de s’extraire d’un univers qui prône la machine, l’informatique, le numérique et de revenir au monde du rêve, de la beauté, de l’émerveillement. Je ne sais pas si certains lecteurs ont été sensibles à cet aspect.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Il n’y a pas une recette universelle, bien sûr. Une méthode ? Je ne sais pas. Ce que je peux dire, c’est que c’est un travail régulier qu’il ne faut jamais perdre de vue. Je sais aussi qu’il ne faut pas écrire uniquement quand on en a envie. Écrire alors que l’envie n’est pas là peut donner lieu à de belles choses. J’écris trois fois par semaine. Il y a un premier jet. Puis une réécriture (le deuxième jet) : j’élague, je sculpte, je travaille la psychologie de mes personnages, leurs interactions, je donne à l’ensemble du récit une cohérence, j’essaie de ne pas trop prévoir la fin pour me laisser surprendre et pour surprendre le lecteur. Enfin, il y a, pour finir, plusieurs relectures, avant l’envoi du manuscrit à la maison d’édition.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui, j’écris en ce moment… Je ne parle jamais de mon travail en cours. C’est un peu un secret. En parler fait perdre la magie de l’écriture. À mes yeux, il faut que tout reste en vase clos entre l’auteur et sa création pour donner le maximum d’intensité à l’histoire…
Rémi Madar, auteur de Voyageurs, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.