Entretien avec Olivier Esnault – Les Filles de l’Équatorial
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Les Filles de l’Equatorial sont mon deuxième livre publié par les Editions Maïa. Je suis satisfait, pour mes lecteurs comme pour moi, d’avoir écrit un texte se renouvelant par rapport au premier. Idoles et Icônes, Livre 1 abordait, par le biais de la fiction, le rapport des hommes à leurs croyances ; une approche culturelle en fin de compte. Les Filles de l’Equatorial traduisent ma vision de la Guyane où mes personnages promènent leur turbulence et leur vague à l’âme ; une approche personnelle en définitive.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Une de mes premières lectrices, originaire de la Guadeloupe, m’a dit, comme un compliment, que « l’esprit du texte était très antillais ». Un autre lecteur, sur le site Unidivers, a écrit de ce livre « qu’il ne faut pas en attendre une vision touristique de la Guyane ». Tous deux pourraient parler mieux que moi des Filles de l’Equatorial.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Il faut écrire encore, encore et encore pour que les lecteurs deviennent plus nombreux.
Les Filles de l’Equatorial sont un recueil. La façon dont les lecteurs voient très différemment les nouvelles qui le composent reste pour moi une source féconde d’interrogation.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
J’ai voulu que le lecteur visualise les forêts inondées, ressente sur sa peau la moiteur de la forêt, entende la musique des nuits de Cayenne. J’ai souhaité, avec un peu de malice, qu’il se perde dans cette Babel qu’est la Guyane où l’on parle le créole, le français, le kali’na, le taki-taki et bien d’autres langues encore.
Je laisse aux lecteurs de cet entretien le soin de se faire leur opinion : « Julien coupa le moteur et laissa l’embarcation aller sur son erre. Il avait emmené avec lui Maria et Ingrid dans le plus bel endroit qu’il connaissait. On ne pouvait l’atteindre que lorsque les pluies avaient été suffisantes pour que le marais de Kaw déborde et permette d’accéder à une forêt d’ordinaire inaccessible. Il n’y avait pas un souffle de vent dans la forêt inondée. Les arbres immenses aux troncs cylindriques se reflétaient dans une eau noire et lisse comme un miroir. La forêt reflétée semblait aussi réelle que la forêt véritable, une symétrie parfaite les unissant en une image idéale. Le silence n’était troublé que par de rares coassements de grenouilles. Maria et Ingrid se taisaient, fascinées par cette harmonie insoupçonnée, plongées dans des rêveries que Julien ne voulait interrompre. Il est plus facile de lire un paysage que de comprendre les sentiments d’autrui. »
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
J’ai écrit Les Filles de l’Equatorial dans les Deux-Sèvres, mais ces fictions ont germé sur les fleuves de Guyane et dans le quartier du marché de Cayenne. Je suis passé sous plusieurs masques, comme les touloulous de Guyane, pour écrire mes récits, parfois drôles, plus souvent tristes. La simplicité du style traduit la sincérité de mon propos. Mes histoires restituent, comme elles le font depuis qu’on en raconte, l’amour, la mort et l’étrangeté du monde.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Les Filles de l’Equatorial se passent aujourd’hui en Guyane.
Actuellement, j’écris un autre recueil de nouvelles qui, d’abord, parlera du contact entre les Indiens d’Amazonie et les Blancs, de l’asservissement des Noirs en Guyane pendant le siècle des Lumières ; ensuite, le recueil relatera des récits de bagnards situés au siècle suivant.
Olivier Esnault, auteur de Les Filles de l’Équatorial, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.