Entretien avec Olive Guillon Dorgeat – La Santé au travail par les bulles
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Lorsque j’ai ouvert chez moi le gros carton de mes bouquins, j’ai été immédiatement extrêmement joyeuse. Joyeuse de découvrir ces livres aux belles couvertures que j’étalais devant moi, de retrouver mes dessins enfin réunis, d’avoir réussi ! Le format du livre me rappelait avec plaisir certains livres de médecine avec lesquels j’avais passé bien du temps, des compagnons en quelques sortes.
Puis j’ai été soudainement prise d’un joyeux fou rire en partageant la nouvelle en famille, fou rire de délivrance : j’avais finalisé mon projet, j’avais dessiné de si nombreuses soirées, j’avais tenu jusqu’au bout… et j’étais autrice !
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
« C’est du lourd ! » affirmait le premier message reçu d’une amie. J’avoue que cette idée ne m’avait pas effleurée.
« Je suis passionnée par ton livre. Après la version numérique j’attends la version papier avec impatience. Je devinais que tu étais un médecin formidable pour tes patients en entreprise mais maintenant, en parcourant ton livre, j’en suis tout à fait persuadée… et ils doivent bien te regretter.
Merci de nous faire ainsi partager ton expérience ! »
« J’ai découvert la difficile pratique du médecin du travail. Quel parcours bien ardu, usant physiquement et moralement je pense, mais aussi riche en émotions malgré parfois le sentiment de solitude et probablement le manque de prise en compte des autres praticiens, le manque de moyens… »
« J’ai terminé ton œuvre hier soir et je me suis régalée. C’est du vécu, narré avec humour, j’ai bien apprécié ton coup de crayon pour les personnes, les vêtements. Et j’ai très favorablement changé de point de vue sur l’action du médecin du travail. »
« C’est une joie d’avoir ce livre dans ma bibliothèque et de connaître l’auteure !! Mille bravos pour ce gros travail de restitution qui retrace très agréablement et si fidèlement une carrière !! »
Faire connaître mon métier était un peu mon but en écrivant. En effet je ne suis pas sans savoir de quelle mauvaise réputation jouit tristement cette profession. Puis-je mettre cette dernière phrase à l’imparfait ? Je crois que la réputation de l’institution « Santé au Travail » s’est tout de même un peu améliorée ces dernières décennies.
« J’ai passé ces deux derniers après-midi de temps maussades avec ton livre. Très agréable à lire, il y a de l’humour et de la sensibilité. L’intérêt que tu as pour les gens que tu as rencontrés est tout à fait sympathique. Et ce n’est pas du luxe de présenter une spécialité mal connue. Bravo pour les dessins. »
« Cela fait plusieurs semaines que j’ai reçu et lu “La Santé au Travail par les bulles”. C’est vraiment original cette expérience professionnelle longue ainsi restituée en dessins et commentaires qui donnent une idée un peu plus concrète de la pratique de la médecine du travail, loin des préjugés qui pouvaient être les miens. H. a trouvé que tu as un joli “coup de crayon” mais il ne peut pas lire beaucoup de pages d’affilée dit-il ; peut-être que l’accumulation des maux lui rappelle ses propres incertitudes (angoisses) quant à sa récupération physique ? »
« J’ai été bien intéressée par la difficile place du médecin du travail, entre le marteau et l’enclume. C’est vrai que page après page, les maux de l’humanité semblent faire pencher lourdement la balance d’un côté ; mais il y a de l’humour, et les dessins donnent des types de morphologie très variés, de la légèreté, ça sauve tout ! »
Un de mes lecteurs aurait aimé davantage de précisions sur la prise en charge des situations exposées. Je le comprends bien et m’étais posée cette question mais ne souhaitais pas écrire un texte qui s’apparente à un manuel de Santé au Travail où j’aurais eu à apporter des justifications d’ordre médical et/ou réglementaire. J’avais envisagé un temps d’ajouter quelques pages en fin de document, avec un résumé des dénouements, des aménagements, des aides apportées à chacun mais cela transformait trop mes écrits. Je les voulais centrés sur mes consultants, sur leur caractère, leur humanité, leurs petits travers… de manière descriptive et ouverte aux particularités des situations et du tempérament de chacun.
Mes amis médecins ont généralement été très enthousiastes, reconnaissant leur pratique qu’ils ont trouvée décrite avec sensibilité et humour.
« Bonjour Olive, j’ai bien reçu ton opus que j’ai beaucoup apprécié ; je te connaissais beaucoup de talents, mais j’ignorais celui d’illustratrice, BRAVO !!! Tu as vraiment très bien raconté la médecine du travail et tu m’as rappelé le confort du “centre mobile” en hiver ; nous avons survécu et pouvons en rire ».
« Merci Olive pour ce livre très original, témoin de nos différences parfois surprenantes ».
« Bonjour Olive, Scotchée par ton livre ! Je n’ai pas encore fini, mais les situations sont très vivantes et les dessins étonnants et croustillants. Bravo, bravo ! J’ai reconnu le texte que tu avais écrit au sujet du camion ! »
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
À partir du moment où vous éditez, vous vous exposez, vous vous mettez à nu, vous acceptez de partager ce que vous avez écrit ou dessiné seul, concentré et sans altérité. Cela implique de faire pleinement confiance. Le moment où l’œuvre quitte l’auteur est perturbant. Que va-t-elle devenir ? Comment sera-t-elle reçue ? Que pensera-t-on de son auteur ? Les personnes plutôt chaleureuses avec lesquelles j’ai collaboré m’ont un peu rassurée. Un peu de réconfort était bienvenu en effet, car en cette période de crise sanitaire et de télétravail, les contacts de proximité m’ont passablement manqué.
À la réception du premier exemplaire fini, j’ai réalisé combien la transformation de mes feuillets en livre était un élément déterminant pour la suite de l’aventure. L’écrin de l’ouvrage est un clin d’œil au futur lecteur pour l’attirer. Il provoque ses premières impressions qui peuvent l’engager à le feuilleter, à découvrir son atmosphère et plus si affinités.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Seul le médecin du travail sait ce qui se passe dans son cabinet. Les patients qu’il rencontre ne connaissent que leur propre histoire, or la diversité est immense et si vous observez avec bienveillance, cette diversité est merveilleuse ! Ce recueil vous la rapporte par une succession de petites scènes évoquées. Ce n’est pas une bande dessinée, pas un roman graphique, c’est une forme originale, plutôt inclassable qui – je le crois – a bien surpris mes lecteurs.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Après chacune de mes consultations, pendant quelque temps, je me suis efforcée de noter quelques mots au sujet d’une ou deux personnes dont je souhaitais garder le souvenir. Le choix était à chaque fois très difficile et il fallait aller vite. Le temps manque toujours. J’ébauchais en trois coups de crayon comment je voulais traduire mes impressions. Le plus dur restait à faire en rentrant : réaliser un dessin qui traduisait ce que je voulais exprimer. J’ai dû prendre des cours, faire et refaire, dessiner et redessiner. Écrire était très simple : une phrase sur deux n’était pas la mienne mais celle de mes consultants !
Cela m’a pris des années avant d’oser envisager d’en faire vraiment un livre…
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Franchement oui ! C’est une expérience passionnante ! J’ai beaucoup d’envies qui se bousculent, mais je ne vous en dirai rien encore…
Olive Guillon Dorgeat, auteur de La Santé au travail par les bulles, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.