Entretien avec Nina Bart – Le journal de Nina Bart
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Je me suis sentie nue et vulnérable, exposée. Ecrire est un mouvement facile et plaisant, jouissif, je ne suis jamais seule quand j’écris. Se soumettre au regard de l’autre est un travail. Assumer, accueillir, recevoir, et donner, ne plus écrire mais parler. Là se situe la fameuse solitude celui qui écrit. J’ai senti qu’une nouvelle aventure commençait et je n’y étais pas tout à fait prête. L’est-on réellement un jour ? J’ai été heureuse de le prendre dans mes mains, satisfaite du travail de l’éditeur, du produit fini, satisfaite d’être allée au bout de quelque chose, boucler une boucle. Une autre s’ouvrait. J’ai mis plusieurs semaines à envoyer le livre à mes proches généreux l’ayant commandé, et plusieurs mois à m’autoriser à franchir la porte des librairies pour le soumettre à la vente. Je me suis appliquée à y inscrire des dédicaces reconnaissantes et singulières, adressées. Quand le livre sort, l’histoire ne nous appartient plus, les mots nous échappent. Il faut vite continuer à écrire, voilà ce que j’ai ressenti.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Certains m’ont parlé de « virtuosité, d’envolées lyriques, de jongle avec les mots ». D’autres, d’ « une écriture poétique qui pétille, solennelle et authentique à la fois, un style qui donne aux mots toutes leurs valeurs et saveurs, une écriture respectueuse et amoureuse des lettres qui met en scène la sensibilité et la subtilité de l’auteur, en nous offrant son intimité passée au scalpel, s’affranchissant des codes ». Enfin, « Nina Bart joue avec les ponctuations comme elle danse avec ses émotions. Un livre chaud et chaleureux qui se lit et se relit d’une traite, un TGV ! ».
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
C’est une belle aventure de co-création, penser ensemble le papier après le clavier, quitter les processus pour embrasser les procédures. Faire confiance à celui qui nous accorde la sienne, prise de risque réciproque et dynamique.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’écriture de soi (peut -être en particulier les fragments érotiques et sensuels) est un pari risqué entre exhibition et pudeur, trouver le ton juste pour laisser la place au lecteur…C’est ce que semble permettre mon texte, il bouscule et interpelle les allants de soi et certains tabous autant qu’il contient et rassure ceux qui s’autorisent à leur tordre le cou, encourage. C’est un appel empathique à l’émancipation et à l’hédonisme. La présence de la poésie comme écriture sémiologique des sens facilite l’identification du lecteur qui traverse une parenthèse littéraire qui l’emporte (à grande vitesse) loin des routines.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Pas de méthode ni de coutumes, j’écris comme cela se présente. L’écriture fait partie de moi, elle est moi. Je vis ma vie comme un livre à déchiffrer et à écrire. J’écoute les mots qu’elle me chante, je les laisse jouer en coulisses puis lorsqu’ils ont assez dansé, prêts à se coucher sur le papier, j’écris. Je sens qu’ils se pressent à la porte de mes doigts, un désir évident s’impose. Je n’ai pas eu l’envie ni l’idée d’écrire un livre, écrire simplement. J’ai répondu à un appel à contribution d’une jolie revue en « arts et psychanalyse » sur le thème de l’Amour. Mon article a été accepté. Je l’ai fait lire au héros de mes pages qui m’a répondu « il faut écrire la suite ». C’est ce que j’ai fait. En quelques mois j’ai écrit tout ce que je n’ai pas pu, su dire.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Tout à fait, je travaille actuellement sur un recueil de nouvelles. Une sorte de miscellanées regroupant des textes
Mon second ouvrage « Tyrannies » va sortir dans quelques mois aux « Editions Maïa » également. Après la mécanique érotique du Journal, c’est la mécanique tyrannique que je tente de mettre en relief dans des fragments toujours intimes (mais plus familiaux que charnels cette fois-ci) qui donnent à comprendre comment le poids de l’histoire agis sur les comportements et les corps.
Le troisième, en cours d’écriture, s’apparente davantage à la suite du Journal de Nina Bart. J’y poursuis le voyage existentiel entamé et engagé dans le Journal en explorant moins la passion que l’amour mais en questionnant l’attachement et les commencements en miroir avec ma construction identitaire…
Nina Bart, auteure de Le journal de Nina Bart, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.