Entretien avec Lucie Bolmont – Journal d’une confinée au Népal
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Crescendo. Les jours avançaient, la date se rapprochait. L’attente du colis paraissant interminable. Quelle impatience et en même temps, quelle appréhension. Comme un sentiment profond d’incertitude car jamais je n’aurais imaginé publier un jour. Mélange complexe et bien indescriptible de stress et de fierté. Au-delà des premières commandes et du soutien immense de mes proches – famille, amis, et édition – le moment où j’ai pu tenir entre mes mains le fruit de ce travail quotidien de création fut infiniment bon et intense. L’excitation à son comble enveloppant tout le corps ; le bonheur reflétant un large sourire sur les lèvres ; la satisfaction et la gratitude apaisant l’esprit. À ce moment, je n’avais qu’une chose en tête : merci. Je crois qu’avant toute chose, ce manuscrit n’aurait vu aucune de ses pages gribouillées si ce pays et ses habitants ne m’avaient pas accueillie chez eux. Le livre entre les mains, j’ai tout de suite repensé à ces quatre mois passés là-bas, au Népal, parmi ces locaux si bienveillants. Coïncidence ? Le hasard des choses amène parfois à vivre des expériences inoubliables et combien intenses et sincères. Oui, il est un bon sentiment que de voir son projet devenir réel, mais je garde en premier lieu un grand respect et une reconnaissance indubitable envers les personnes que j’ai rencontrées au cours du voyage. Ces personnes mêmes qui m’ont donné le sourire et l’envie d’avancer chaque jour dans cette période historique particulière.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Une vague d’émotions. Incontestablement, des mots d’amour, de tendresse et de félicitations pour cet aboutissement. Certains ont souligné le côté particulièrement original du journal. D’une part, « Lucie, c’est parfois compliqué de lire et de déchiffrer ton écriture » ; d’autre part, « Lucie, j’adore les dessins qui ponctuent le récit de tes journées ». D’une manière générale, des critiques positives et négatives que j’accueille avec humilité. Il est essentiel que j’apprenne de mes erreurs pour mieux faire ensuite.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
« Les pieds dans le plat ». C’est peut-être là une expression crue et bien commune, mais elle reflète pourtant avec exactitude le cheminement que j’ai emprunté pour publier ce livre. Jeune étudiante, je ne connaissais rien de l’édition il y a de ça quelques mois. Pensant tout d’abord garder ce précieux carnet dans ma bibliothèque en souvenir de cette épopée, il a suffi d’une coïncidence et d’un conseil bien avisé pour que je contacte les Éditions Maïa. Je retiens de cette expérience la chance que j’ai eue de pouvoir éditer les pensées de tout un voyage, de les partager aux lecteurs et de leur faire connaître ce merveilleux pays qu’est le Népal. Je suis infiniment heureuse d’avoir pu découvrir le monde éditorial grâce à la réponse positive des Éditions Maïa. Ce fut quelque chose de nouveau pour moi qui a pris énormément de mon énergie mais qui m’a aussi beaucoup appris. Comme Goethe le dit si bien, je crois que le mot d’ordre dans l’aboutissement de ce projet inespéré est que « nul n’est plus chanceux que celui qui croit à sa chance ». Simplement, il faut croire en ses rêves et ses ambitions et ceci est l’enseignement que j’ai acquis à travers cette expérience.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité de mon livre ? J’aime à croire qu’il s’agit de son authenticité. Oui, le caractère authentique et sincère reflété par l’écriture hésitante et dansante. Ce récit particulièrement personnel d’un voyage passé au cœur d’un village traditionnel népalais illustré de multitudes de dessins à l’encre noire… Je pense que ce manuscrit a plu à beaucoup puisque sortant des formats traditionnels des carnets de voyage. C’est un tout, un manuscrit comportant nombres de pensées et réflexions quotidiennes. Le lecteur doit chercher son chemin, s’imprégner de mon écriture, jongler entre plusieurs langues et déchiffrer les anecdotes. Il rentre au cœur de mon esprit.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Avant tout, je crois que je suis très reconnaissante du soutien de mes compagnons de voyage qui, au fur et à mesure des jours, ont su me donner la motivation nécessaire pour continuer de remplir les pages brunes de ce livre. C’était la première fois que j’illustrais moi-même mon carnet, il a donc fallu plusieurs semaines afin que je maîtrise un certain graphisme. Il n’était, en effet, pas évident de remplir harmonieusement les pages au début de mon travail. Un point très important, toujours commencer par le dessin ! Et si rature il y a, tant pis, cela fait partie de l’écriture à l’instantané ! Je remplissais ces pages après le repas du midi appelé Dal Bhat, le soir dans mon lit, parfois perdue dans la jungle, quelques fois assise dans un coin de la rue principale du village ou encore et tant bien que mal dans l’avion retour. Une dernière chose… l’astuce spéciale Népal : en cas de mousson, toujours poser son livre en hauteur afin qu’il ne prenne pas l’eau !
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Écrire un nouveau livre…tout d’abord, l’idée effleurant l’esprit ; puis, elle s’immisce là-haut et y creuse un sillon de plus en plus concret. La jeune femme intrépide que je suis devenue y songe déjà. Publier, l’espoir d’une voie tout à fait inopinée pour moi. Voyez ceci comme une confession. Nombreuses sont les questions. Je crois avant tout que je souhaite garder cette authenticité et ce charme de l’écriture « sur le vif ». C’est ma touche, c’est ma façon de m’exprimer. Le papier kraft, l’encre noire, les descriptions poétiques et les dessins travaillés – tout cela est mon empreinte personnelle, ma ligne d’écriture. Alors, pour le prochain livre… Mon imagination semble infinie et m’emporte vers des rêves divers et variés. Pour attiser votre curiosité, l’idée d’un recueil de poèmes illustrés m’attire et m’amène vers de nouveaux horizons de création – chères lectrices, chers lecteurs, j’ai déjà hâte de vous faire découvrir cet univers d’émotions et de poésie.
Lucie Bolmont, auteure de Journal d’une confinée au Népal, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.