Entretien avec Isabelle Henry et Cécile Houyet – De sels et de glaces
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Cécile Houyet : S’avoir que l’on va se faire publier relève d’un sentiment de joie intense. À 17 ans, je rêvais d’écrire un jour un livre qui serait lu. J’ai aujourd’hui 51 ans : tenir et tourner les pages de notre roman « De sels et de glaces » concrétise ce souhait d’adolescente et confirme que si l’on s’en donne les moyens, tout peut se réaliser !
Isabelle Henry : Un sentiment complexe, pétri de joie, de surprise, d’espoir et de fébrilité aussi à la pensée que nos personnages vont rencontrer des lecteurs inconnus.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Cécile Houyet : Les retours sont positifs et tiennent sans doute du fait que les personnages sont attachants. Chacun se retrouve dans ce que vivent et ressentent nos héros. Le principe alchimique « Sal », en condensation dans ce premier volet, concerne les boulets, les mécanismes répétitifs, les expériences douloureuses d’un passé auquel personne n’échappe et qui est à transformer pour aller de l’avant. La translation entre ce que transmutent nos protagonistes et ce que chacun traverse dans sa réalité est appréciée.
Isabelle Henry : Les premiers lecteurs apprécient la diversité des personnalités des protagonistes, la langue propre à chacun, le rythme de l’écriture. C’est la curiosité pour le sujet qui a porté les lecteurs vers ce premier tome.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Cécile Houyet : Le travail d’écriture pour ce premier tome a duré 4 ans… Isabelle vit en France, je vis en Belgique ! La crise sanitaire a compliqué un peu les choses puisque nous n’avons pas pu nous voir. Écriture, partages, échanges se sont réalisés en distanciel. Quand nous nous sommes décidées à chercher un éditeur, nous avons vite constaté que le « marché » de l’édition, pour des premiers auteurs, est relativement fermé… Quel bonheur d’avoir tenu bon et découvert que certaines maisons comme les Éditions Maïa qui nous ont fait confiance s’y consacrent !
Isabelle Henry : En plus de ce que Cécile a parfaitement décrit, j’ajouterai la patience et la persévérance. Il est long d’attendre 3 à 4 mois la réponse d’un éditeur. Deux auteurs ont la chance de pouvoir additionner leur courage et leur élan !
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Cécile Houyet : Ce premier tome traite d’alchimie opérative et de la lente maturation qui mène à Soi. La seule matière qui au fil des pages se transforme est celle du vécu de nos personnages et leur aptitude comme pour chacun de nous, à catalyser, activer et dépasser ce qui coince et s’est minéralisé pour aller à l’essentiel de l’histoire d’une vie. L’originalité tient du fait que notre trilogie fixe les trois principes alchimiques dans le concret des quotidiens, l’avenir nous dira si c’est effectivement ressenti par nos lecteurs.
Isabelle Henry : Donner à voir le processus de transmutation des expériences de vie non au fourneau, mais au fil d’une trilogie romanesque, est l’idée et le défi que Cécile m’a invitée à relever avec elle. Ce sont effectivement les lecteurs qui nous diront si nous y sommes parvenues, ou pas…
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Cécile Houyet : Nous sommes passées du projet d’écrire ensemble à l’écriture à proprement parler en passant par l’étape de la naissance de nos personnages. Comme je me sers en consultation d’un outil d’astrologique karmique, il m’a semblé évident et impérieux de les doter d’une date, d’une heure et d’un lieu de naissance… Un ciel pour chacun s’est donc ouvert avec une matière zodiacale qui n’avait plus qu’à s’exprimer. À partir de là les personnages se sont mis à grandir et vivre en moi. Du temps passe entre les constructions mentales et l’écriture, mais quand vient ce moment, les mots déferlent jusqu’à ce que tout soit donné et le temps s’arrête.
Isabelle Henry : Concrètement, ce travail d’écriture pourrait être qualifié d’épistolaire puisque que le roman s’est déployé grâce à l’échange incessant des pages écrites par l’une et aussitôt envoyées à l’autre. C’est ce que nous avons nommé notre « fondu-fondant », où comment plonger ou se lover dans l’espace du texte de l’autre et y ajouter…. son grain de « sal » ! Jamais je n’oublierai cette soirée avancée où chaque personnage a été nommé, qualifié de quelques traits de caractère, d’une profession ou d’une passion et ceci dans un élan extraordinaire et une folle complicité. Immédiatement toutes ces personnes fictives sont devenues familières, nécessaires, exigeantes, réclamant leur dû et très souvent prenant les auteurs par surprise !
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Cécile Houyet : Absolument ! Nous sommes dans l’écriture du second tiers du deuxième volet de cette trilogie romanesque alchimique. Autant le principe Sal de ce premier tome « De sels et de glaces » pointait toutes les vieilles peaux dont on aimerait se défaire en lien avec le passé ; autant le second volet et son principe Sulfur emmènera avec crépitements les lecteurs dans toutes les projections faites en lien avec l’avenir. Quant au troisième volet, il sera mercuriel et par nature, invitera chacun à se servir de ses clés pour savourer le présent.
Isabelle Henry : Bien sûr, trois principes alchimiques à donner à voir dans une trame romanesque convoquent naturellement une trilogie. Le second tome est en cours d’écriture, porté, ou plutôt « embrasé » par le principe Sulfur. Le troisième tome sera imprégné du principe mercuriel et d’autres personnages déjà s’impatientent… Comme au fourneau, il s’agit de mener le processus à bonne fin.
Isabelle Henry et Cécile Houyet, auteures de De sels et de glaces, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.