Entretien avec Henri Cuny – Le bon, la brute et le tyran
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Ma réponse va peut-être paraître étrange ou inhabituelle, mais disons que le sentiment global était mitigé. J’ai bien sûr ressenti une libération à la parution du livre, ainsi qu’un sentiment d’accomplissement et de fierté une fois l’objet entre les mains ; c’est aussi avec impatience que j’attendais que les gens découvrent le résultat. Tout cela était cependant mêlé à une certaine appréhension par rapport au jugement des autres et à ce sentiment de « vide » que l’on peut ressentir après la finalisation d’un long projet.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Ces retours, très positifs dans l’ensemble, m’ont justement apporté beaucoup d’assurance par rapport à l’appréhension évoquée ci-dessus. Les personnes qui ont lu le livre ont unanimement insisté sur le côté transdisciplinaire et très documenté de l’ouvrage, sur la somme de connaissances compilées et synthétisées et sur le côté passionnant mais aussi grave du sujet abordé. Certains m’ont félicité pour la qualité d’écriture, d’autres m’ont fait part de réserves ou de divergences d’opinion par rapport à certaines choses écrites, divergences que j’accueille toujours très favorablement et que je prends grand plaisir à discuter.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Trouver un éditeur peut ressembler à un long chemin de croix, d’autant plus lorsque votre notoriété est toute relative et que c’est votre premier livre ! Donc l’enseignement serait qu’il faut être très persévérant et ne pas baisser les bras. Les éditions Maïa ont été réactives et m’ont fait une proposition d’édition qui m’a tout de suite intéressé. J’ai pu échanger de manière efficace avec les équipes en charge de la réalisation du livre (maquette intérieure, couverture…) et je suis pour l’instant satisfait de notre collaboration.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
On parle aujourd’hui beaucoup de problèmes comme le changement climatique, le déclin de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles ou le sentiment de perte de sens. Ces problèmes sont abordés de façon cloisonnée, comme s’ils étaient indépendants les uns des autres. L’originalité du livre tient justement dans une approche intégrative des choses, avec un propos qui adopte une perspective globale et historique. D’après les retours que j’ai eus, je crois que cela a été très bien perçu, comme le suggèrent les commentaires sur le côté très documenté et transdisciplinaire de l’ouvrage. En lisant le livre, j’espère qu’on comprend très bien que les divers problèmes mentionnés ci-dessus sont en fait fondamentalement liés. Le mot « Anthropocène » employé dans le titre du livre est dans ce sens très intéressant, car il est le trait d’union entre les grandes problématiques auxquelles nous sommes actuellement confrontées et qui découlent toute d’une même cause : la manière d’être et d’agir d’une partie importante de l’humanité.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je me plais à dire que j’ai écrit ce livre sur mon vélo ou durant mes courses à pied ! Je suis en effet adepte des sorties régulières à vélo ou à pied, qui oxygènent le cerveau et sont particulièrement propices à la réflexion. Il m’arrivait régulièrement de me jeter sur mon calepin ou mon ordinateur au retour de ces sorties afin d’y noter frénétiquement les diverses idées qui avaient pu me traverser l’esprit. Je procédais dans un second temps à la reformulation et à l’assemblage en un tout plus cohérent.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Il est trop tôt pour le dire. J’ai trouvé le processus d’écriture en lui-même passionnant, puisqu’il m’a amené à me questionner d’une manière générale sur le monde et à me documenter sur certains sujets que je ne connaissais pas encore forcément bien. Après, j’ai un travail, une famille et il faut avouer que l’investissement personnel est très important. Si je devais écrire, ce serait toujours sur ce sujet de l’Anthropocène, qui me prend aux tripes.
Henri Cuny, auteur de Le bon, la brute et le tyran, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.
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