Entretien avec Élodie Renard – Lutte sans faim

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Mon sentiment premier lorsque mon livre parut fut une grande fierté. Jeune auteure de 19 ans, je ne pensais pas qu’il me serait possible de publier mon propre ouvrage, d’autant plus que ce dernier me tenait particulièrement à cœur, il témoigne de mon histoire, de mon combat et ma victoire contre l’anorexie, cette maladie qui me collait à la peau et qui me rongeait depuis presque 10 ans.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Mes premiers lecteurs furent mes parents, qui furent bouleversés de découvrir tout le mal être que je pouvais tapir au fond de moi, ce livre fut pour moi un exutoire et une manière de faire comprendre ma maladie au grand public. J’étais lassée de voir les livres de grands professeurs qui mettent les patients dans des cases et ne se basent que sur la théorie alors que la réalité est tout autre. D’autres personnes qui me sont plus ou moins proches m’ont aussi dit avoir été frappées par ce récit de vie qu’ils qualifiaient souvent de «  poignant ». Beaucoup m’ont dit avoir perçu autrement la maladie et qu’ils en tiraient la leçon de moins banaliser cette pathologie. Car non, tout ne part pas d’un régime qui aurait mal tourné, dans mon cas le trouble s’est déclaré très jeune et témoignait d’une souffrance bien plus profonde. Il y a autant d’anorexies que de personnes touchées par la pathologie.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Cette expérience d’écriture fut unique, j’ai pu mettre des mots sur mes maux et ce fut une véritable catharsis. J’ai compris que l’écriture avait un pouvoir incroyablement thérapeutique mais aussi qu’elle était vecteur de messages forts pour notre société. L’illustre Voltaire ne disait-il pas «  J’écris pour agir » ? C’est dans ce même but que je me suis lancée dans l’écriture, écrire pour éveiller les consciences et apporter ma pierre à l’édifice pour faire changer les choses.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de mon ouvrage commence par son sujet malheureusement trop peu traité et négligé car tabou dans la société. La santé mentale est un sujet que l’on fuit car on se dit que cela n’arrive qu’aux autres, pourtant 25 % de la population connaît ou connaîtra dans sa vie un trouble psychique… L’originalité se traduit aussi par la forme, moitié carnet de bord, moitié réflexions personnelles. Vous serez plongés au plus près de la maladie dans la réalité du quotidien d’une personne souffrant de ce trouble. Entre colère et peine, fierté et désarroi, déchirements et espoir, vous décèlerez tous les aspects pervers de l’anorexie.