Entretien avec Danielle-Nicole Amoyel – Lulu, Française du soleil
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Comme à chaque publication, on a le sentiment du travail accompli, mené à son terme. La couverture est vraiment superbe. Satisfaction est le mot clé.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
« Ça se lit bien », le contenu a intéressé. Les lecteurs, par le biais de cette famille se sont enrichis de savoirs et connaissances sur un monde disparu.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’écriture se fait en aller et retour entre passé et présent, se nourrissant l’un l’autre, par la mise en perspective temporelle. Le dialogue mère fille donne sens et crédibilise cette temporalité décalée. La traversée d’un siècle et ses chaos sont amenés à travers l’intimité proposée par le dialogue, le huis clos instauré. Le vécu familial interroge sociologiquement le sens de l’Histoire, à travers la petite histoire. Les premiers lecteurs ont été sensibles à une écriture de la légèreté au-delà des aléas de l’époque et ébahis par les révélations pour certaines inconnues ou oubliées de l’histoire coloniale en Algérie. Certains ont verbalisé : « je me suis senti plus fort après cette lecture ; Ne jamais baisser les bras ! », un autre lecteur a avoué avoir lu le texte plusieurs fois, enchanté par la force joyeusement tonique des mots. « Impulsion de la force de vie sans faille » a encore dit un autre et puis des « j’ai appris… Je ne savais pas… », en veux-tu en voilà ! « ça m’a fait du bien cette lecture » Légèreté de ton et optimisme dans l’écriture ont plu.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je suis partie des documents historiques pour les mettre en scène autour « du dit » de l’héroïne. Mémoire et Histoire se sont recoupées mettant à nu les mentalités comme les identités, les loyautés comme les fidélités, autour d’un verbe rieur, souvent léger, amusant pour ne pas dire désopilant. C’est une écriture au long cours, une écriture de l’émotion, du ressenti parfois cocasse, drôle, souvent humoristique, mais aussi, plume de la parole libérée face aux aléas et difficultés d’une époque. Trois guerres, trois générations traversent un siècle à feu et à sang, des lois d’exclusions et des engagements résistants, puis l’exil, la rencontre avec la terre mère, la reconstruction pour 1 million de citoyens…et eux. Capacité à rebondir, à faire face entre « Joie et bonheur » de vivre, nourrissent l’écriture. La plume, comme un roman, -très différente du travail universitaire auquel je suis accoutumée,- suit les méandres de l’histoire autour d’affects souvent rieurs, parfois moqueurs, au-delà des difficultés. C’est une plume du lâcher prise, de l’écoute authentique, quasi spontanée, mémorielle, qui dit jusqu’ à l’impudique, tente de faire revivre une époque désormais éteinte. Plume qui traduit les joies, les peines, les luttes mais aussi le sens des valeurs et des attachements, entre rires, cocasseries, optimisme sans failles et retenue de larmes : « joie et bonheur » en est le slogan. Aller de l’avant, légèrement mais avec conviction, foi en des temps meilleurs, à venir, voilà le crédo, la force de cette tribu, fière de la pluralité de ses identités. La narratologie est nourrie d’apports sociologiques et historiques qui donnent corps à la parole.
J’écris chaque jour 1 à 2 heures par habitude et par besoin. Dans le même temps de publication de ce » roman vrai », j’ai publié 8 articles dans un ouvrage collectif chez Manuscrit, à caractère universitaire.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Actuellement un nouveau projet est en route, projet que je dois encore affiner.
Danielle-Nicole Amoyel, auteur de Lulu, Française du soleil, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.