Entretien avec Daniel Okroglic auteur de J’écris

Entretien avec Daniel Okroglic auteur de J’écris

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Quand J’écris : Recueil de poèmes chimériques est enfin sorti, j’ai ressenti un mélange de soulagement et de fierté. Après des mois à jongler entre la rééducation et l’écriture, voir mes mots prendre forme dans un livre tangible, c’était comme une petite victoire sur tout ce que la vie m’avait envoyé comme défis. C’était aussi un peu irréel, comme si une partie de moi s’échappait pour aller vivre ailleurs, entre les mains des lecteurs. 

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Les premiers retours m’ont vraiment touché. Beaucoup m’ont dit qu’ils trouvaient mes poèmes à la fois simples et profonds, qu’ils y sentaient une urgence de vivre qui résonnait avec eux. Certains ont évoqué cette sensation de légèreté dans mes vers, malgré la gravité de ce qui les a inspirés. Une lectrice m’a écrit que lire mon recueil, c’était comme « prendre une bouffée d’air frais dans un monde étouffant ». Ça m’a marqué, parce que c’est exactement ce que j’espérais transmettre : un élan, une énergie. 

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

L’édition m’a appris la patience ! Écrire, pour moi, c’est spontané, presque instinctif, mais publier, c’est un autre rythme, avec des étapes, des relectures, des ajustements. Ça m’a forcé à regarder mon travail sous un angle nouveau, à le peaufiner sans le dénaturer. J’ai aussi compris à quel point le regard des autres – éditeurs, lecteurs – peut enrichir ce que je fais. Ça m’a donné envie d’être plus attentif aux détails, tout en gardant cette liberté qui me pousse à écrire.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Pour moi, l’originalité de J’écris tient dans cette façon de jouer avec les mots, de les laisser danser sans trop de contraintes, comme des esquisses d’émotions brutes. Je vois mes poèmes comme des « chimères », des visions qui oscillent entre réalité et rêve. Les lecteurs, eux, ont souvent pointé cette spontanéité, cette absence de ponctuation qui leur donne une liberté d’interprétation. Ils ont aussi parlé de l’humanité qui se dégage du recueil, peut-être parce qu’il est né dans un moment où je me battais pour rester debout.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Écrire ce recueil, c’était comme respirer entre deux séances de rééducation. Pendant ces six mois, entre décembre et mai, où je travaillais à récupérer après ma compression médullaire, j’écrivais surtout sur mon téléphone, dès qu’une idée me venait. Pas de rituel précis, juste une urgence de noter ce qui me traversait. Parfois, c’était en écoutant de la musique – d’ailleurs, j’aime suggérer une playlist pour accompagner mes poèmes. Mon astuce, si on peut appeler ça

comme ça, c’est de ne pas trop réfléchir : je laisse les mots venir, et je les ajuste après, ou pas du tout.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Oui, absolument, et c’est déjà en route ! Mon prochain projet, c’est Kintsugi – Renouveau, un recueil de 75 poèmes qui parle de reconstruction, de résilience, comme cet art japonais qui répare les vases cassés avec de l’or. Ce sera un tournant pour moi, avec des formes inspirées par des poètes comme Cécile Coulon ou Thomas Vinau, mais aussi une touche slamée. J’ai envie que certains poèmes prennent vie en slam pour leur donner une voix, un rythme qui cogne et qui porte. Ça fait partie de cette urgence de vivre que je veux partager. 

Et puis, il y a un autre projet qui me tient à cœur : Harmonies Rares. Ce serait une façon de sensibiliser aux maladies rares, comme mon syndrome de McLeod ou d’autres qui touchent des millions de personnes oubliées. Je veux slamer leurs noms – Creutzfeldt-Jakob, Huntington, Parkinson – pour leur donner une visibilité, une harmonie dans le chaos. Ce serait un cri poétique, une célébration de nos luttes, un moyen de dire qu’on existe, qu’on résiste, qu’on vit. Écrire, pour moi, c’est aussi ça : tendre la main à ceux qui se sentent seuls dans leur combat. 

Je serais sur scène les 6 et 7 mars avec Manu VDB. La musique tient une place privilégiée dans l’expression de ma poésie. Elle lui donne une profondeur qui nous échappe. J’ai également sorti un album 4 titre que vous pouvez écouter ici.

Daniel Okroglic, auteur de J’écris, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.