Entretien avec Chlotilde Rastignac auteure de Confessions d’une prostiputescorte

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Lorsque mon livre est paru, j’ai eu un immense sentiment de fierté, mais aussi une certaine appréhension, car le sujet de mon livre est sujet à controverse. Ainsi, il me semble que c’était pour moi la chance de faire connaitre mon point de vue sur un sujet qui me concerne, et que, contrairement à beaucoup de gens qui en traitent sans savoir vraiment de quoi ils parlent, je pouvais expliquer mon approche de cette activité, que je connais, puisque je fais partie de ces personnes qui l’ont exercé.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Les retours des premiers lecteurs ont été plutôt bons, même si certains m’ont donné des opinions critiques, comme le fait que je ne traitais pas assez de l’approche sociologique, tandis que pour d’autres, c’était trop. Une consœur aussi, m’a partagé le sentiment que je ne parlais que de ce que je connaissais, mais n’est-ce pas le propre d’un témoignage ?

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail
d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

J’ai tiré comme expérience de l’édition qu’il faut avoir de la patience. Ecrire n’est pas pour moi ce qui a été le plus difficile, mais être exposée, puis avoir la patience d’assurer un travail de promotion l’a été bien plus. J’ai retenu qu’il fallait parfois faire preuve de résilience quand au fait que toutes les maisons d’édition ne vont pas se précipiter pour publier votre livre.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

L’originalité de mon livre réside simplement dans le fait que c’est une histoire de prostitution, et chaque histoire est différente, car nous ne commençons pas pour les mêmes raisons, et nous ne continuons pas non plus pour les mêmes raisons. La personne qui arrive en France par des filières clandestines et qui souffre du fait de ne pas être sur le territoire de manière légale n’aura forcément pas la même approche que moi, et pourtant, nous exerçons la même activité. J’espère que mes lecteurs s’en sont rendus compte aussi, car, même si je n’ai pas voulu faire apparaitre cette activité comme glamour, je n’ai pas voulu plonger dans le misérabilisme habituel.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Selon moi, pour écrire, la première chose à faire est d’être au calme et d’avoir du temps. Du temps, j’en avais, puisque j’ai écrit ce livre durant le covid. Ensuite, j’avais pour habitude d’avoir à disposition ma cafetière, mon coca zéro, puis mes clopes (j’ai arrêté de fumer depuis). Pour l’écriture en elle-même, le meilleur conseil que je peux donner, c’est d’avoir son sujet, puis de faire un plan, avec les différents chapitres, avec pour chacun les idées principales, puis de les développer ensuite.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie
d’écrire pour ce prochain livre ?

J’ai écrit un autre livre qui se nomme Sacré pomme, qui est un essai, et qui est déjà en prévente aux éditions Maia. Je suis en train de rédiger tout doucement le troisième, qui sera sur le monde de la nuit azuréen, puis sur le système pénitentiaire français, et qui sera pour moi un retour au témoignage, tout comme le premier.