Entretien avec Brice Faucon – La patience du Minotaure
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Un sentiment de joie, bien sûr, mais surtout de soulagement. Un livre écrit neuf ans plus tôt, dans des circonstances personnelles difficiles, avec insomnies et incertitudes nombreuses, et au travers d’une véritable lutte avec les mots. Je ne l’avais jamais vraiment retouché, et le manuscrit était véritablement sauvage, je le mesure aujourd’hui. Pour cette raison sans doute, La patience du Minotaure n’avait jamais trouvé preneur auprès des éditeurs. Quand enfin cela s’est produit, après que j’en ai retravaillé le texte, j’ai éprouvé un véritable soulagement.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
D’être un roman noir sans être un policier au sens classique du mot. Un ami m’en a dit que c’était en fait un long poème, et il a raison. C’est un long poème qui s’insinue dans une trame de roman policier, et cherche à tout propos d’autres occasion de faire éclater de la beauté, car c’est ce qui m’intéresse dans l’écriture. Je ne suis pas moi-même un lecteur de romans policiers, et j’ai tendance à considérer ce style comme mineur. J’ai donc voulu prendre prétexte de ce style prédominant pour beaucoup de lecteurs, pour faire autre chose. Chaque est un travail de la beauté, dans un environnement qui normalement est celui du suspense et de la suspicion. J’ai donc revisité le style policier de façon tout à fait iconoclaste, et je pense pouvoir dire que j’y suis parvenu avec brio.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je suis premièrement auteur de poèmes. J’ai écrit ce roman dans une incertitude permanente, comme si je descendais un fleuve dont je ne savais pas où il allait me mener, me laissant conduire par des images et des découvertes dont j’étais surpris moi-même. Plus j’avançais, plus la tension était grande, car je n’étais pas certain de pouvoir finir, tout en ayant la sensation d’avoir de l’or entre les mains. Je ne savais pas où j’allais. Puis des éléments de trame surgissaient, et je comprenais que l’histoire allait se faire. Cela est lié au fait que je ne construisais pas une intrigue avec une résolution plus ou moins envisagée à l’avance, mais vivais l’avancée dans un long poème, comme je l’ai déjà dit, que je découvrais en l’écrivant, tel un marcheur qui découvre sa route en avançant. Quand j’ai fini par savoir où ce fleuve allait déboucher, j’ai éprouvé une joie intense. J’avançais de trouvaille en trouvaille, de surprise en surprise, comme le lecteur, j’imagine. J’en ai été à plusieurs reprises bouleversé. Je peux dire que quand j’ai eu terminé, j’ai éprouvé une sorte de vide nostalgique, un regret doux-amer du fait que l’intensité de l’écriture était passée, comme un magnifique orage dont le spectacle nous a ravi. Ça n’a pas été sans quelque difficulté…
Brice Faucon, auteur de La patience du Minotaure, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.