
Entretien avec Bernard Wuthrich auteur de Dans les nuages et autres nouvelles
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Voir son livre publié crée, tout d’abord, un certain sentiment de fierté : il est impressionnant de voir son nom sur la couverture d’un livre pour la première fois. De plus, c’est une forme de reconnaissance qui est très émouvante puisque, en somme, on passe du statut d’anonyme à celui d’auteur.
Et puis on se dit que, ses écrits étant publiés, on peut espérer qu’ils seront lus.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Mes tous premiers lecteurs l’ont été avant la publication du livre puisque c’étaient mes deux correctrices, dont une professeure de lettres que je ne connaissais pas, qui, par ses commentaires très élogieux, « Bernard est un écrivain », m’a décidé à chercher un éditeur.
J’ai reçu ensuite plusieurs commentaires, tous très positifs. En voici quelques exemples :
« J’ai lu avec un bonheur toujours renouvelé la totalité de vos étonnants et addictifs récits. Je sors enchantée de cette plongée dans votre univers littéraire, aussi familier qu’insolite, qui m’a remuée au plus profond de moi-même.
En réalité, nous sommes tous un peu frères et sœurs de vos « héros » si attachants ».
« Je viens de terminer « Dans les nuages et autre nouvelles ». En commençant votre recueil, je ne l’ai plus lâché tant ces nouvelles ont été des surprises pour moi. C’est une très belle écriture, dont la tenue ne varie pas, tout en sachant s’adapter à la variété des sujets. Du réalisme au fantastique, du joyeux au lugubre, c’est un voyage dont on ne se lasse pas. Ce livre a la tenue d’un auteur expérimenté par son parcours de vie mis au service d’un style abouti ».
De nombreux lecteurs ont souligné une certaine unité d’écriture, un style, en somme.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Le fait d’être édité crée, tout d’abord, une immense satisfaction. S’y ajoutent, par la suite, les commentaires très laudatifs de lecteurs qui m’encouragent à continuer d’écrire.
Pour ce premier livre, j’ai eu l’excellente surprise, lorsque je l’ai eu en mains, de constater, tout d’abord, que c’était un bel objet, ce qui est très agréable. Ensuite j’ai découvert, avec surprise, quelques coquilles dans l’ouvrage, mea culpa, car je n’avais pas suffisamment travaillé sur le BAT. Quelques lecteurs m’en ont fait la remarque en soulignant que, toutefois, c’était un point relativement négligeable par rapport à l’intérêt de la lecture.
Il est évident que, si je fais éditer un prochain ouvrage, je ferais beaucoup plus attention à ce fameux BAT.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
J’ignorais si mon livre avait une réelle originalité jusqu’à ce que les commentaires de mes lecteurs me rassurent sur ce point :
« Bravo pour toutes ces idées originales, amusantes pour certaines, surréalistes ou oniriques pour d’autres. Merci de nous faire partager votre inspiration ».
Une autre originalité est que les 7 premières nouvelles de mon livre ont été écrites en 1982 et que, après 40 ans sans avoir rédigé une seule ligne, je les ai livrées telles quelles, sans la moindre modification. Personne n’ayant formulé la moindre remarque à ce sujet, j’en conclus que je n’ai pas changé de style au fil des ans.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Mon travail d’écriture est assez original dans la mesure où toutes les nouvelles ont, pour origine, un fait lu, entendu ou vu. Souvent un fait insignifiant.
« Le piano d’Oksana », par exemple, est une nouvelle à laquelle j’ai songé au cours d’une soirée littéraire chez des amis. Pour installer un assez grand nombre de sièges, ils avaient repoussé le demi-queue, habituellement au centre du séjour, dans un coin de la pièce, isolé. Cet instrument m’a touché car je le trouvais, en quelque sorte, orphelin. « À l’évidence, le piano était désaccordé » est la première phrase de la nouvelle qui se passe en Ukraine.
« A l’évidence, le piano était désaccordé. Sergyi n’avait pas besoin d’être un spécialiste pour savoir que le piano, forcément, était désaccordé, même s’il n’avait pas trop souffert. Il s’approcha de l’instrument et débarrassa, d’un ample geste de la manche, le couvercle des gravats qui le recouvraient, avant de l’ouvrir, découvrant les touches d’un blanc éclatant ».
De même, roulant dans la campagne en hiver, j’aperçus, sur chaque côté de la route, deux arbres totalement dépouillés. « On dirait des squelettes », ai-je pensé, ce qui m’a inspiré la nouvelle « Les deux squelettes ».
Dans presque tous les cas, j’ignore, au début de l’écriture, ce que sera la suite et la fin de mon récit. J’ai souvent l’impression que la nouvelle s’écrit toute seule, « la main va plus vite que mon cerveau », dis-je souvent pour expliquer cet étrange cheminement d’écriture.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
J’ai plusieurs projets en cours.
Le premier fait suite à mon premier livre de 40 nouvelles : un autre recueil est en cours d’écriture, qui en rassemble déjà 30 autres.
Le second projet en cours est la réécriture d’un scénario de film que j’avais écrit en 1980. Je ne désespère pas d’en faire un roman, même si l’exercice de reprendre un texte ancien est moins stimulant que l’écriture d’un texte original.
Bernard Wuthrich, auteur de Dans les nuages et autres nouvelles, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.