Entretien avec Anthony Mouyoungui – Rescapé
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
J’ai ressenti un sentiment indescriptible mêlé de joie, de bonheur et de fierté. J’étais enfin arrivé au bout de mon objectif après des années de travail. Ce qui n’était qu’un rêve devenait réalité. J’ai presque pleuré quand je l’ai eu en main.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Les premiers retours ont été très positifs. Ils ont trouvé le livre émouvant, captivant et ils ont été emportés par le récit. Ils partagent les mêmes émotions que moi. Certains ont salué mon courage d’avoir mis tout cela sur papier et de le partager avec le reste du monde.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Bien évidemment que je tire des enseignements de cette première expérience d’édition. Ce n’est pas facile de s’ouvrir, de se mettre à nu. Le travail d’écriture requiert plus de temps et d’énergie que je ne l’aurais imaginé. En même, j’ai aimé le faire. J’ai aimé écrire et je pense que c’était indispensable de passer par là pour « guérir » un peu de ce traumatisme. C’était comme une épreuve d’initiation. J’ai appris que se faire éditer n’est pas aussi facile, la promotion exige la même implication que pendant l’écriture.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Elle réside à mon sens dans le contexte du récit : la guerre. Il n’existe pas ou presque d’ouvrages qui parlent de cet épisode de l’histoire du Congo. Seulement, au-delà de la guerre, de la violence, je raconte une aventure humaine. Un jeune homme se retrouve seul, loin de sa famille, et qui à la chance de croiser des personnes extraordinaires qui l’aident. Le jeune homme garde l’espoir que tout ira bien et qu’il s’en sortirait quoi qu’il arrive et peu importe le temps que ça prendrait. L’originalité de mon livre est aussi ce message d’espoir. Une aventure humaine que chacun peut transposer dans sa vie. Imaginez un seul instant ce jeune homme qui fuit la violence avec moins d’un euro en poche, qui dort dans des conditions hyper difficiles, qui connait la faim et la mort pendant six mois, survit à tout cela et retrouve sa famille. C’est une vraie leçon d’espoir et de foi en soi.
Les premiers lecteurs ont bien perçu cela et ils ont parlé également du style limpide qui rend le livre facile à lire, la cohérence du récit et la finesse des descriptions des lieux et situations évoquées.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je me suis mis à écrire avec une méthodologie simple : raconter les événements de façon chronologique. Chaque situation était évoquée à part avant d’être assemblées à la fin. J’avais noté sur un bout de papier les dates et les noms des localités traversés et j’ai gardé précieusement ce papier. J’avais tous les événements en tête et le plus dur fut de trouver les mots pour les raconter. Se mettre à la place du futur lecteur. Qu’est-ce qui m’aurait plu si quelqu’un d’autre avait écrit cette histoire ? C’est la question que je n’arrêtais pas de me poser. Jour et nuit, quand l’envie me prenait, j’écrivais. Je me parlais à moi-même. Au départ, j’ai dû puiser au fond de ma mémoire les souvenirs datant de plus d’une décennie (j’ai parfois fait recours aux personnes qui étaient avec moi pour confronter les souvenirs). Mais, au fur et à mesure que j’écrivais, ça devenait plus facile. Je revivais ces évènements. En revanche j’ai été surpris par le flot d’émotions qui m’ont envahi. J’étais revenu des années en arrière. J’ai ri et j’ai pleuré.
Me souvenir de ces évènements a été émotionnellement éprouvant et plusieurs fois, j’ai eu envie de laisser tomber, d’arrêter d’écrire tellement cela devenait difficile. J’avais la sensation de les revivre et en même temps, je me suis rendu compte que, malgré les années, ceux-ci étaient toujours clairement dans ma mémoire.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
J’envisage non seulement écrire un autre, mais plusieurs livres si possible. J’aimerais me lancer dans la fiction et à ce niveau, j’ai quelques idées à creuser. Je pense à un drame familial ou à un thriller, voire une histoire d’amour [rires]. Je vous le dirai en temps voulu.
Anthony Mouyoungui, auteur de Rescapé, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.