Entretien avec Anne-Marie Vialle – La Nuit au rouge
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Ce fut un moment de joie intense piqué d’une pointe d’amertume. Joie de voir enfin mon projet d’écriture s’accomplir, et sentiment à la fois de dépossession. Que les dés sont jetés, que le livre ne m’appartient plus, que je ne peux plus influer sur le destin des personnages. Qu’ils vont poursuivre leur vie, sans moi.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
D’après les premiers retours, on entre facilement dans la Nuit au Rouge. Dès le pont d’embarquement franchi du premier chapitre, on se retrouve transporté dans une atmosphère trouble, ballotté entre les remous d’un réel oppressant, et l’évasion vers un ailleurs nimbé de merveilleux. J’ai de la chance ! Mes lecteurs m’ont fait la faveur de me reconnaître quelques atouts : savoir raconter une histoire, faire monter au fil du récit l’impression d’étrangeté, susciter la curiosité, le désir d’en savoir plus, par le malaise lentement distillé de la tension narrative. Ils ont été sensibles aussi à la musique des mots, à l’imagination baroque, kaléidoscopique, aux métaphores qui font mouche, à ces invitations à ralentir, à relever de temps à autre le bout du nez de sa page, pour humer la poésie qui s’en dégage.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Avant tout, je voudrais saluer l’excellente équipe des éditions Maïa, qui allie professionnalisme à l’amabilité. Merci à Anne-Marie Santoni pour ses conseils sur le choix des extraits, à Mathieu Béchac pour la création de la couverture, à Anne Raxhon pour les corrections et la mise en page, à Marie-Paule pour le suivi et la promotion. Oui, de cette expérience, j’ai tiré quelques enseignements : ma démarche m’apparaît désormais plus claire, je vois mieux vers où je veux aller, l’horizon que ma plume a envie de défricher.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité de mon livre, il me semble, c’est de pouvoir toucher à certains thèmes sensibles, de façon allusive, plutôt avec tact et délicatesse. Oui, dans ce conte onirique et cruel réservé aux adultes, mes premiers lecteurs, me semble-t-il, l’ont bien perçu.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Quand le train du matin est passé, difficile pour moi pour ne pas dire impossible de fixer ma table à bord du suivant. J’ai du mal à écrire à froid. J’ai besoin pour m’y mettre, d’être portée par un léger état d’exaltation, d’être sous l’effet d’un pétillement intérieur. Mes petits rituels d’écriture ne sont que mes péchés mignons. Gourmandise des mots rime avec chocolat noir, amandes, thé vanille à portée de main.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui, j’ai en préparation un nouveau projet, où je vais m’attacher à conter les frasques de personnages excentriques, sur toile de fond des années 90, avec quelques incursions dans les années folles. Où la figure du diable interviendra à plusieurs reprises, sous diverses identités. J’ai d’ailleurs conclu un arrangement avec ce dernier. Je suis tenue pour l’instant à la plus grande discrétion, donc ne peux rien révéler sur les tenants et les aboutissants du marché… Sauf qu’il m’autorisera pendant ce temps à tremper ma plume dans son encrier.
Anne-Marie Vialle, auteure de La Nuit au rouge, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.