Entretien avec Alain Giraud-Balayn – Le rêve de Jésus sur la croix
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Sentiment plaisant de réussite, d’être arrivé à transformer une idée née en 2012 sur mon vélo, et dans la seule année 2020, à s’y attaquer et à la concrétiser en un manuscrit abouti, recevable par un éditeur avec publication, en contrat à compte d’éditeur. Du plaisir en touchant physiquement son roman. Suivi d’une vive inquiétude, mon roman va-t-il plaire ? Les lecteurs accepteront-ils mon concept très osé ?
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Où as-tu été cherché tout ça ? La réflexion la plus régulière.
Leur surprise, de s’attaquer à un pareil sujet : la description d’un rêve si humain, qu’aurait pu faire Jésus sur la croix après avoir perdu connaissance.
Leur acceptation, dès le deuxième chapitre, d’un élément non historique et très peu probable, mais totalement lié à l’étrangeté et à la bizarrerie des rêves.
Leur attachement aux personnages, dont ils ont envie de savoir ce qu’ils vont devenir.
Pour tous ceux éloignés de Jésus : athées, agnostiques, d’une autre religion, dont le rejet est parfois épidermique dès qu’on parle de Jésus et de croyances religieuses ; d’avoir réussi à passer outre, et à lire avec plaisir mon roman. Puis leur reconnaissance, que ce n’est pas un livre religieux, ni blasphématoire, ni provocateur, et qu’ils ont voulu découvrir la fin de l’histoire.
La rapidité de lecture de mon roman.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
L’écriture de mon roman a nécessité le maintien ; d’une envie de faire naître quelque chose de beau et de positif ; d’une confiance en soi indispensable ; d’un sérieux ; d’une persévérance ; pour réussir l’étrange alchimie de faits historiques dans le premier et le dernier chapitre, et la narration entre d’une histoire rêvée si différente et si humaine.
Pour mon expérience de l’édition, j’ose à peine dire qu’elle s’est résumée en une relative et très inattendue facilité ! J’ai conscience que ma phrase peut paraitre provocante, il n’en est pourtant rien. Je n’ai envoyé mon manuscrit qu’à un seul et unique éditeur, Maïa ! Pourquoi ? Pour voir ! De crainte d’avoir un retour du style : « votre idée est très originale, mais il faut énormément retravailler votre texte pour en faire quelque chose de publiable ». Une crainte ancrée en moi.
Ayant passé sans difficulté, ce premier cap de l’acceptation de mon manuscrit, je m’inquiétais de l’épreuve du crowdfunding. Nouvelle appréhension… Dépassée !
J’ai sollicité, avec plus de 350 mails en partie personnalisés et en partie individualisés : mon entourage amical, familial, relationnel et professionnel, pour trouver 50 contributeurs ! En une campagne rapide, dépassant l’objectif, et qualifiée par Maïa : « d’éclair ! » A mon énorme surprise ! Je n’y croyais pas plus qu’à l’acceptation de mon manuscrit ! Et pourtant…
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Oser imaginer le rêve qu’aurait pu faire Jésus sur la croix ! Il fallait y penser, se l’autoriser, s’y confronter, s’y hasarder, s’y risquer et se lancer. J’ai été épaté qu’aucun écrivain ne l’ait apparemment développé avant moi !
Oser explorer la partie humaine de Jésus « vrai homme et vrai Dieu », assez peu décrite et assez peu étudiée jusqu’ici. Et plus encore, la partie inconsciente de Jésus, avec un rêve hypothétique !
Accepter qu’en tant qu’homme, Jésus a obligatoirement rêvé, et qu’un songe inconscient et aucunement maitrisé, puisse s’éloigner de la fin de sa mission sur terre.
Plusieurs croyants investis dans la religion chrétienne ont aimablement accepté et apprécié mon roman, pour sa diversité et pour ce regard sur l’inconscient de Jésus.
Les lecteurs ont unanimement ressenti un sentiment immédiat : d’étonnement, de surprise et de curiosité positive.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
En premier, écriture de la structure du roman, point par point, sans faire de phrases, juste les actions, les événements, les personnages, en quelques mots, sans trop de détails. Successions de noms, de personnages, de lieux, de faits.
Cette longue liste reste constamment en bas du fichier d’écriture. Après avoir écrit un de ses éléments et en être satisfait, je le supprime de cette liste, que je consulte très régulièrement, pour voir « si mon projet tient toujours la route » et ce que j’ai inévitablement à y modifier et à y ajouter, en fonction « de l’inspiration créatrice qui surgit. » Nombreuses utilisations des copier/coller, notamment pour des déplacements chronologiques.
Une très grande régularité d’écriture s’impose, quasiment quotidiennement, ce qui devient vite rassurant, et évite de perdre le fil du récit. Et favorise l’avancée régulière du projet.
Lorsque l’on a pris confiance en soi, le fractionnement du travail d’écriture devient possible pour ne pas tomber dans la fatigue, qui se révèle improductive. Des bouffées d’oxygène bienvenues (petites sorties, pratiques sportives, échanges, courses) sont nécessaires, afin de revenir plein d’entrain pour écrire à nouveau. Une page par jour est déjà très bien.
Le travail de relecture est le plus important. On parle de quatre fois à dix fois le temps d’écriture ! C’est absolument indispensable.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
J’ai écrit en détail la structure d’un nouveau roman d’action, qui se passe de nos jours, dans l’océan Indien et plus particulièrement sur les Terres Australes Antarctiques Françaises. Il y sera aussi question d’îles assez particulières et d’aventures vécues par le médecin de bord d’un navire. Péripéties en lien et en parallèle avec un chef d’œuvre de la littérature de 1726. Equilibres délicats à trouver avec ces différents éléments à combiner. En cours d’écriture.
Un autre projet en parallèle, avec une technique totalement opposée. Départ sur une idée originale qui s’est imposée, sans savoir ce qui va bien pouvoir suivre. Découverte au fil de l’eau, de l’histoire, de mon personnage principal, des autres personnages, en laissant libre cours à « mon imagination débordante ». Une trentaine de pages déjà écrites, en attendant les suivantes. Nouvelle ou roman ? Je verrai bien.
Alain Giraud-Balayn, auteur de Le rêve de Jésus sur la croix, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.