Imaginez que vous venez d’acquérir une maison. Au fond d’une cave, vous découvrez une porte s’ouvrant sur des pièces dissimulées et mystérieuses. Vous n’aurez sans doute de cesse d’en découvrir les secrets. C’est ce qui arrive à Jennie, une jeune femme déterminée. En sa compagnie et avec l’aide d’un professeur retraité, nous découvrons les histoires vécues par quatre personnages antérieurs, leurs passions et leurs drames. Tous tendaient vers un idéal de justice et de quiétude personnelle. Chacun y réussit, à sa façon, en dépit des événements tragiques de leur temps. Le lecteur espère donc que Jennie, à son tour, connaisse un aboutissement heureux dans sa quête de l’inconnu. En soutenant ce projet de roman, les participants connaîtront ainsi la réponse à cette attachante question.

En 1792, un officier républicain, Nicolas Maupertuis, dissimule dans sa demeure citadine deux jeunes filles nobles au péril de leurs vies.
D’abord, il fallut les meubler, ce qui fut l’affaire de la première journée… Je leur fis passer deux bâtis de lit, non sans mal d’ailleurs, et ce qu’il fallait pour les couvrir. Ce ne fut pas difficile de fournir toiles et couvertures, notre maison en regorgeait… En guise de sommiers, je déplaçais de l’écurie – en passant discrètement par mon logis – des bottes de foin bien sec. Je choisis les plus présentables. Je leur demandais si elles s’en contenteraient…
— Nicolas, me répondit Flore, – c’était la toute première fois qu’elle m’appelait seulement par mon prénom, mais je ne lui en faisais pas remarquer l’impertinence –, si j’ai bien compris le sort que réservent les partisans de votre révolution aux aristocrates, je pense que nous serons mieux là-dessus que sur la paille pourrie des cachots de la tour Magne, n’est-ce pas ?

J’en convenais largement. Et, avec ce que j’avais entendu ces jours derniers sur l’agitation parisienne, la tendance en vogue était de faire allonger les corps des ci-devant directement sur les charniers des Errancis ou de Picpus…
Je leur apportais planches et tréteaux pour servir de tables, des chaises et tabourets… Je fixais une armature à chaque meurtrière où je plaçais un long panneau de bois pour occulter à la fois la lumière et le froid.