La vie est trop courte pour manger de mauvais chocolats est, bien entendu, une allégorie.
Mon objet est de démontrer par une situation romancée, mais réaliste que chacun peut prendre sa vie en main, quelles que soient les difficultés rencontrées. Il arrive que les obstacles que l’on rencontre soient en premier lieu les interdits moraux relevant de l’éducation dont il faut s’affranchir. Parfois, on ne s’est tout simplement pas donné l’autorisation de penser à soi et à un projet de vie épanouissant en connexion avec ce que l’on est profondément. Or, comme le titre l’évoque, la vie passe très vite et l’on n’en a qu’une. C’est pourquoi si l’on s’oublie et que l’on remet sans cesse à plus tard son bien-être et sa santé mentale, on risque d’être rapidement désabusé et empreint de tristesse. Moi-même, j’ai dû surmonter des difficultés et souvent me réinventer au risque de déplaire. Mon propos n’est pas de dire qu’il faut être égoïste, bien au contraire. Néanmoins, il s’agit de s’aimer suffisamment soi-même et de se chérir jusqu’à être plus disponible à l’autre, s’ouvrir à lui et enfin être capable de l’aimer dans son altérité.

Extrait

Mercredi 7 juin

Calée au fond de son fauteuil en velours noir, Charlotte regardait d’un œil distrait le journal de 13 heures lorsque les paroles d’un homme sortant de chez un chocolatier de prestige la mirent dans tous ses états. Un long dialogue intérieur s’engagea alors : « La vie est trop courte pour manger de mauvais chocolats. » Non mais il exagère. Il en a de bonnes, lui ! Tout le monde ne peut pas se permettre d’aller dans cette enseigne. C’est gonflé tout de même de dire ça ! Il m’agace lui. Il ne sait pas qu’environ 80 % de la population touchent à peine plus que le SMIC. Moi, avec mes 25 heures/semaine en tant que caissière, ma fille de 4 ans à élever toute seule, ce n’est pas demain la veille que je vais pouvoir m’en offrir.
En effet, depuis que Julien l’avait quittée presque cinq ans auparavant alors qu’elle se découvrait enceinte, ses seuls revenus d’hôtesse de caisse à temps partiel ne suffisaient pas à couvrir entièrement ses besoins. Elle avait dû se résoudre à faire quelques heures de ménage pour les compléter et avait parfois recours à l’aide de ses parents lorsqu’une facture la prenait de court.