L’action de Tremblement d’éther se déroule en pays côtier, au commencement de la période de la Renaissance. Adonis, jeune peintre débauché, est chargé par le Roi Thyeste de peindre les condamnés à mort, qui seront exécutés une fois le tableau achevé. Dans ce roman sur fond historique, l’idéalisme de l’artiste et sa neutralité politique d’autrefois sont mis à l’épreuve face à la question de l’engagement en politique et aux actions d’un groupe révolutionnaire auquel est affilié son meilleur ami, David. Sa confrontation aux différents condamnés invite Adonis à s’interroger sur la place de l’Art face aux actions concrètes. Adonis, qui désirerait seulement être ivre et s’évader dans l’Art, est ramené à la réalité et à la question de la culpabilité, notamment à l’arrivée de Galatée, jeune femme condamnée. Là où l’ascension sociale du jeune peintre n’a été possible que par le biais de la mécène Pénélope, qui n’est autre que son amante. Le recours au sacrifice semble peser sur le destin de plusieurs personnages…

Extrait :

Voilà comment les gardes avaient appelé ce corps sculptural qui avait accepté de descendre de son piédestal seulement pour que l’on s’incline face à sa démarche nymphale, et que l’on l’y reconduise, une fois tous les amants éconduits – car c’était un corps de vierge où fleuriraient les sanglots des amants esseulés, laissés seuls au seuil de l’amour et de ses possibles. Elle était décharnée, émaciée, échevelée ; bref, elle était sublime, et Adonis pleurait – quant au Destin, il ne s’arrêtait de ricaner, et le cliquetis des lances qui suivaient ce corps élancé, offert en une réticence docile, sonnait comme le tocsin de sa machine infernale. Son regard l’avait traversé, percé à jour dans la nuit brumeuse de son existence seulement étayée des vapeurs éthérées de l’ivresse asservissant toute lucidité, pour extraire la substantifique moelle cachée dans la pupille acérée de cet œil tendre, dont Adonis recueillait l’ambroisie pour le Graal de l’artiste.