Les Anges
Jean-Louis Rinieri est né en 1949 à Bastia, en Corse. En 1971, il débute une carrière d’avocat qui l’a rapidement propulsé au rang des figures éminentes du barreau de Bastia. Familier des audiences pénales, il a plaidé avec succès dans de nombreux procès médiatisés, faisant preuve d’une expertise remarquable tout au long de son activité. Engagé envers sa région natale et témoin attentif de son temps, il a contribué activement à la promotion de la culture corse.
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Grâce à son expérience juridique et à sa connaissance approfondie des affaires pénales, Jean-Louis Rinieri explore désormais sa passion pour l’écriture. Né dans une famille d’avocats et d’avoués, Jean-Louis Rinieri a, au fil de sa carrière, occupé des postes prestigieux tels que bâtonnier du barreau de Bastia, président du centre régional de formation professionnelle ou encore président fondateur du conseil régional de discipline. Parvenu à l’âge de la retraite, il a décidé de se consacrer pleinement à l’écriture.
Les Anges est son sixième roman et la suite de Radio Prague où il partageait son adolescence à Bastia puis à Nice. Bien que l’histoire évoqué soit basée sur des faits réels, l’intrigue comportait alors deux éléments fictifs : le personnage de Virginie, qui n’a jamais existé, et l’incident où il aurait été matraqué par des CRS devant le campus de Montebello en mai 68, qui avait bel et bien existé mais dont il n’était pas la cible.
Les Anges reprend le personnage d’Antoine à son retour à Nice en septembre 1968. Si ce roman reste inspiré des expériences vécues par l’auteur et par les personnes dont il a croisé le chemin, il s’agit, cette fois-ci, selon Jean-Louis Rinieri, d’une histoire entièrement inventée poursuivant le but de distraire.
La description du monde universitaire d’après mai 68 dans une ville et une faculté conservatrices lui donne du corps. La faculté de droit de Nice venait d’ouvrir et de nombreux jeunes bacheliers corses s’y étaient inscrits , alors que la population était jusque-là largement composée de retraités. Le livre évoque aussi le sort de rapatriés d’ Algérie échoués nombreux sur le littoral méditerranéen , au plus près de leur « pays perdu ».
Ce roman est à la fois un exercice de style et un véhicule de rêves. Bien que confronté à des obstacles, comme la rancune tenace d’un professeur dont il avait interrompu le cours lors d’une action de contestation en mai 68, il a surmonter les difficultés et a eu une brillante carrière d’avocat pendant quarante-trois années. Cet affrontement, qu’il nous décrit au fil des pages, est au cœur même de ce nouveau roman. Pour clin d’oeil, Maître Rinieri obtiendra la meilleure note à l’épreuve de culture générale de l’examen-concours du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat, nonobstant les objections marquées de ce professeur quant à son inscription même.
Extrait de Les Anges de Jean-Louis Rinieri
«Comme s’il avait deviné les pensées de sa voisine, Antoine tourna brusquement son visage vers celui de l’hôtesse, le regard franc et direct, sans affectation aucune. Il sourit devant tant de beauté et de grâce, ce qui – il en fut surpris – fit rougir la jeune femme. Elle lui demanda, en bégayant un peu, s’il avait eu un accident. Antoine désigna d’un geste vague ses cicatrices encore roses, au-dessus et au-dessous de son œil gauche, sur l’arcade sourcilière qui s’en trouvait en partie épilée et sur la pommette, légèrement concave.
– «Vous parlez de ceci ?» dit-il en pouffant. «Non, ce sont des blessures de guerre.
– De guerre ? Mais, à ma connaissance, depuis six ans, nous ne sommes plus en guerre.
– Nous ne parlons pas des mêmes guerres. Celle que j’ai faite et qui a tourné court devait être celle de la jeunesse et du prolétariat contre les vieux croûtons au pouvoir et la toute-puissance de l’argent.»
La femme acquiesça et sourit en se levant. La procédure de décollage était terminée. Elle devait servir rapidement les rafraîchissements habituels car le vol serait court jusqu’à Nice. De fait, elle ne tarda pas à revenir, tirant seule le chariot des boissons. Antoine demanda un verre d’eau. L’hôtesse lui demanda s’il serait amusé de passer un moment dans le poste de pilotage : le commandant de bord aimait bien y recevoir un passager quand le temps était beau.»
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