Entretien avec Mathieu Pennella – Casse-toi !
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Mon sentiment le plus fort n’a pas véritablement été au moment de la parution de « Casse-toi ! » (j’ai déjà sorti un premier livre « Le Tisseur de Rêve » en 2020).
Cependant, recevoir physiquement les livres, voir le travail effectué par Fanny Monier pour la couverture ainsi que le travail des Editions Maia dans l’élaboration du livre, était un moment assez exceptionnel.
J’aime le livre en tant qu’objet, la sensation du papier, l’odeur et ce qu’il représente. C’est cet objet qui valide d’une manière presque « philosophique » les mois de travail, qui valide ce rêve « de raconter des histoires pour vivre ».
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Les retours se sont scindés en deux :
- Les premiers ont voulu savoir si l’histoire racontée dans « Casse-toi ! » était une autobiographie. En effet, le personnage principal porte mon nom, vit une vie qui ressemble à la mienne (surtout lorsqu’on me connaît). J’ai trouvé ça très amusant.
- Les deuxièmes se sont retrouvés dans l’histoire racontée. Cette dichotomie entre une vie normale qui pourrait sembler monotone et qui s’opposerait à la vie idéalisée de l’aventure. J’espère avoir aidé ces personnes à comprendre leur processus internes.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
La période d’édition est une partie centrale. C’est le temps de la relecture, de la correction, d’élaboration d’une esthétique à son ouvrage. Mais c’est la période qui suit qui est pour la plus difficile. Celle de la communication sur son ouvrage pour en faire la promotion, afin que ce travail de plusieurs mois soit lu. Travailler davantage dans cette période est mon enseignement principal.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Dans une interview que donnait Albert Camus à propos de son roman « La Peste », il expliquait que peu de gens avaient compris son travail grammatical et de conjugaison. En effet, Camus a changé le temps utilisé, la voix active ou passive en fonction de l’arrivée, de la présence ou du reflux de l’épidémie de peste. J’avais trouvé ça passionnant.
Dans ce roman « Casse-toi ! », j’ai décidé de jouer pour ma part sur le type de narrateur. Dans le premier chapitre, le narrateur explique qu’il va raconter son histoire, l’histoire d’un choix qu’il a fait dans le passé. Ainsi, dans cette partie, le narrateur est donc un narrateur personnage qui connaît le dénouement.
Dans le corps du roman, le narrateur change. Il est un narrateur interne qui connait les pensées du personnage principal mais sans connaître l’avenir du choix qui sera fait. Pourtant, je voulais que le narrateur personnage puisse faire son retour, apporter ses connaissances sur ce qui se déroulait sous les yeux du lecteur.
Cependant, je ne voulais pas qu’il coupe la lecture. Je voulais que la lecture de ce commentaire soit optionnelle. Ainsi, j’ai mis en place des notes de bas de page où ce narrateur personnage réagit (souvent avec humour et autodérision) sur l’action.
Dans une certaine mesure, je voulais que ce roman puisse être lu deux fois. Une fois sans les notes, et une autre fois avec les clefs de lecture données par le narrateur personnage.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
L’écriture arrive à la toute fin de mon processus. Je suis moins écrivain que conteur.
Au lieu d’élaborer un plan et d’écrire les chapitres, j’imagine une problématique, un élément perturbateur, quelques personnages principaux et leur psyché. Ensuite, je vis avec eux dans ma tête. Je marche dans la rue et je leur propose des scènes et j’essaye de les regarder réagir. J’interroge par la suite la cohérence de ces scènes : est-ce que la réaction du personnage est logique ? Est-ce que la scène est intéressante ? Qu’est-ce qu’elle apporte ?
Par la suite, j’ajoute la scène, ou je la supprime dans une note de mon téléphone. Une fois que j’ai passé plusieurs mois à réfléchir à ces scènes, j’ai une histoire complète et je passe à la rédaction.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui je travaille sur un autre roman qui s’interrogera sur la notion de violence dans l’Histoire humaine et dans la société actuelle. Comment cette violence a changé d’échelle et de nature.
Mathieu Pennella, auteur de Casse-toi !, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.