Pour pouvoir entendre ma parole, il faut laisser de côté le totem de la bonne mère de famille et être capable de se représenter une mère au-delà des images d’Epinal si rassurantes en ces temps de repli sur la valeur famille. Le harcèlement d’un père ou d’une mère est le plus lâche des harcèlements car il est exercé par un adulte envers un enfant. Il est la destruction morale et identitaire d’un enfant par l’adulte qui est censé l’aider à se construire en tant qu’individu. À travers mon témoignage, je veux rappeler à chaque enfant son droit à faire entendre sa parole et à dénoncer des faits et des mots, même ceux émanant des personnes en qui il est censé avoir le plus confiance. Je veux aussi alerter chaque parent sur sa responsabilité individuelle de protéger son enfant. Cette responsabilité n’est déléguée qu’au risque d’une dérive abusive qui peut être dramatique.

Je fais aujourd’hui appel à vous pour réaliser ce projet d’édition. Je vous propose de contribuer à la naissance d’un livre et de devenir partenaires de cette création. Votre nom en tant que contributeur sera présent dans le livre que vous recevrez en avant-première !

Extrait

Ma mère a décidé très tôt que j’existais trop, que je pétillais trop. Elle ne pouvait pas le supporter.
Ma mère a développé une allergie à ma joie de vivre. Ce que je faisais l’irritait. Ce que je disais la crispait. Ma mère ne supportait pas l’enfant que j’étais. Ma mère avait donné naissance à une enfant pour laquelle elle ressentait une antipathie croissante manifeste. Son allergie s’est généralisée. Je ne faisais pas de choses insolentes, je ne prononçais pas de propos insolents : J’étais une insolence. Il lui est devenu nécessaire de m’écraser. Je crois que c’était vital pour elle. C’est devenu sa Mission. Et elle a fait tout son possible. Ma mère a tissé patiemment depuis des dizaines d’années un mythe me concernant. Ma mère s’est évertuée à me construire une image peu flatteuse auprès de mon entourage, mon père et mes frères mais également auprès de la famille plus éloignée. Cette image me revenait comme celle issue d’un miroir déformant quand ces personnes s’adressaient à moi. Des membres de ma famille me traitaient et me parlaient comme elles pensaient devoir le faire par simple loyauté envers ma mère. Mais ça, c’était avant. Maintenant je remonte à la surface. Ma remontée est bien entamée et cette image que l’on me renvoie et qui n’est absolument pas moi je la propulse, je l’explose, je lui ris au nez. Je poursuis les conversations empreintes de préjugés si sûrs d’eux-mêmes. Ils me sautent au visage. Ils me blessent comme autant d’agressions injustifiées. Je ne ploierai plus sous leurs poids. J’ose être moi, tout simplement celle que je suis. Je refuse désormais de me faire écraser par ces projections, ces images négatives et détestables livrées sur un plateau par ma mère à qui veut bien s’en saisir. Ma mère perçoit ma force nouvelle. Ma mère comprend que son travail de sape est menacé. Tant d’années d’effort à tordre la réalité, tant d’années à me harceler et se faire passer pour ma victime pour ce résultat le jour de ses 70 ans ? Je papote avec mes oncles et tantes, je ris avec mes cousins. Voilà pourquoi elle n’a pas résisté à la tentation de la violence physique, dernière étape de l’escalade des violences.