Après 30 ans d’absence Abel retrouve avec bonheur sa ville natale. Au fil des rues il revit des brides de son passé bonnes ou mauvaises. En séjour chez sa belle mère il cumule les situations ubuesques, situations qui l’encouragent à rentrer chez lui fuyant un conflit perdu d’avance avec sa logeuse.

Le voyageur impénitent éprouve après un nouveau départ, l’envie de faire partager au lecteur son autre vie dans l’au-delà, en leurs contant ses rencontres avec des personnages mythiques dans leur quotidien burlesque.

L’envie d’exorciser mes angoisses m’a poussé à en rire en écrivant ce livre.

Extrait

Commentry, le retour.
Souvenirs, souvenirs

La route s’est élargie, au passage elle a grignoté les virages en croissant. Les talus, la terre à nu, victimes d’une indigestion d’orages, vomissent une boue rougeâtre qui engorge les fossés écœurés. L’herbe en poussant pansera leurs plaies, avant qu’un nouveau tracé ne les écorche à nouveau.
Défiguré, un panneau indicateur, criblé de plombs par des chasseurs bredouilles, s’entête à préciser le nom de l’agglomération. Commentry est devenue une localité frileuse, depuis que ses mines de charbon ont fermé. Elle affiche ses façades décolorées, une larme de peinture au coin des volets, stigmate du passé.
Après un détour de trente-trois années, Abel, d’un coup de klaxon intempestif, signe son retour dans sa ville natale. Les pneus avant de la berline mordent l’asphalte de la rue Jean Christophe Thivrier, tandis qu’allongée sur la banquette arrière, les yeux embués, Emma, son épouse, étire ses membres endoloris. Cinq longues heures d’un trajet sans arrêt pipi, l’ont épuisée. Exaspérée, elle peste contre ce mari immergé dans ses souvenirs, qui, passant près du stade, en un clin d’œil, y pulvérise des records de fanfaronnades. Autour de l’unique tribune et de son terrain plutôt vague, qu’encercle une piste cyclable impraticable, la cité minière a su préserver son apparente tranquillité. Elle protège jalousement ses potagers ouvriers, derrière des barrières de bois de coffrage. Bichonnées, les parcelles de légumes variés, parsemées de cabanes de guingois, annoncent des soupes aux choux dignes de René Fallet, Bourbonnais comme lui.