Transition urbaine, transition démographique, transition épidémiologique, le Maroc de ces 20 ans dernières années est une terre de mutation, de contrastes et de discontinuité sociaux et spatiaux. Pourtant, à ce jour, peu d’ouvrages ont proposé une lecture diachronique et géographique de ces évolutions du royaume chérifien qui en font sa richesse mais qui risquent également de compromettre sa cohésion sociale et territoriale. Avec plus de 120 cartes et tableaux originaux réalisés grâce à des données officielles de différentes sources, cet atlas permet une lecture pluri-scalaire de la diversité sociale, économique, culturelle de ce pays qui aspire désormais au statut de puissance émergente. Si d’incontestables réussites accompagnent la gouvernance du souverain actuel, de nombreux défis se dressent encore sur sa route. La lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté, l’amélioration de l’offre médicale sont quelques-uns des chantiers majeurs des prochaines décennies.

Extrait

Le Maroc, à l’instar des autres pays émergents, a vu ses caractéristiques générales se modifier depuis les années 1980. L’évolution socio-économique du royaume, l’urbanisation, la sécurité alimentaire vont permettre aux Marocains de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Sa transition démographique est en voie d’achèvement (Stratégie sectorielle de santé 2012-2016, ministère de la santé marocain, 2012). L’ISF va progressivement passer sous le seuil de 2.1 enfants par femme, seuil de renouvellement des générations (HCP, 2014). L’allongement de l’espérance de vie s’accompagne, comme dans tous les pays de l’OCDE, d’un vieillissement de la population. Des résultats remarquables ont été accomplis dans la lutte contre la mortalité infanto-juvénile et maternelle, grâce respectivement à des campagnes d’immunisation et au suivi généralisé des femmes enceintes.

Cependant, de nombreux défis limitent encore les améliorations des conditions de vie au Maroc. Le royaume chérifien était en 2012 un des 57 pays de la planète souffrant de déficit aigu en personnel de santé. En certains espaces de faibles densités, les villes sont peu nombreuses, éloignées les unes des autres et souvent de taille insuffisante pour proposer une gamme diversifiée de services. Les populations sont donc statistiquement éloignées des services en général et des professionnels de santé en particulier. Enfin, des facteurs culturels, sociaux et économiques peuvent, au-delà de la distance euclidienne, renforcer cet éloignement et expliquer certaines inégalités sanitaires, économiques et sociales. Si la pauvreté recule dans le royaume, elle reste forte dans les campagnes. 1.6 millions de Marocains sont encore en situation de pauvreté absolue (HCP, 2017). La réalisation d’un atlas social, en prévision d’un atlas médical et sanitaire, qui proposerait la lecture pluri-scalaire et diachronique du paysage démographique, social et culturel et des conditions de vie, apparaît alors comme un outil précieux d’analyse et d’aide à la décision.