L’or rouge
Mon enfance fut bercée de contes et de légendes d’ici et d’ailleurs, mais aussi d’Histoire, nourrissant mon imaginaire et ma fascination pour le mythe du vampire et ses quêtes. L’écriture est mon souffle. L’or rouge est mon premier roman, opus premier d’une trilogie.
Je fais aujourd’hui appel à vous pour réaliser ensemble ce projet d’édition. Je vous propose de contribuer à la naissance d’un livre et de devenir des partenaires pour cette création. Votre nom en tant que contributeur sera présent dans le livre que vous recevrez en avant-première !
Crédit photo Stéphane Barthe
1715. Les Petites Antilles. Martinique. Les premiers pas d’Adam, fils d’esclave, sont rythmés des lentes agonies des martyrs de ceux que l’on traite comme des bêtes, mais aussi bercés par l’amour de sa mère, l’amitié « interdite » avec Hélène, la fille de ce Maître tourmenté, qui porte en lui les prémices de l’abolitionnisme. Ces deux-là pourront-ils s’aimer dans un siècle qui condamne d’emblée un Amour « contre nature », qu’anéantit en une nuit, celui, qui s’abreuvant de son sang, le métamorphose en vampire ? Dès lors débute l’errance, de siècle en siècle et le long apprentissage du « monstre », façonné de rencontres, dont celle de Guillaume, médecin, frappé du même mal, qui a appris à dominer ses pulsions et n’a de cesse de chercher au gré de ses recherches à retrouver sa condition humaine. Mais la quête du vampire n’est-elle pas toujours l’Amour ?
« Marie-Angélique de Sainte-Rose s’éteignit un peu avant l’aube. Une belle journée de mai s’annonçait dans l’azur. Déjà les oiseaux avaient entamé leurs chants matinaux.
Elle ne les entendrait plus jamais, ne s’émerveillerait plus des couleurs vermillon d’un soleil au couchant. Le piano-forte, qu’Edmond avait faire venir d’Italie vieillirait sans ses doigts sur les touches, comme refermé à jamais.
Les brosses où ses cheveux étaient piégés, les essences des flacons de cristal ne l’entendraient plus jamais chantonner. Le miroir ne refléterait plus jamais le visage aimé. Dans la grande chambre, dans les couloirs, dans la grande maison, son parfum flotterait pourtant, empreint de l’âme errante dans lequel Edmond marchera longtemps encore. Les odeurs de bois mouillé, de pluie d’été, de roseraie en grappe, les dégradés du ciel mêlés à l’océan au loin, les brumes de chaleur découpées dans la cime des arbres, les torrents d’averse, la chaleur des orages qui éclatent en blessure dans le ciel s’étaient éteints au bonheur.
Lorsque la main retomba sur le blanc dentelé, Edmond sut que le corps, qui toute la nuit avait combattu, s’était vainement épuisé dans la lutte.
À genoux, hébété, la tête enfouie dans la poitrine éteinte, il attendit que la mort revienne sur ses pas, que l’Aimée se relève et que se ranime la lumière de ses joues. Marie-Angélique ne se leva jamais du linceul.
Les domestiques arrachèrent Edmond à la couche funèbre. Le sang avait peint une immense rose rouge au milieu du lit.
Il fallut la couper, la faire disparaître. Manman démêla les cheveux trempés par la sueur du dernier combat, les coiffa, apprêta celle qu’elle avait aussi aimée, comme pour un jour de fête que l’on ne célébrerait pas.
Edmond déambula des jours, des nuits entières, assoiffé de sommeil et ne le trouvant pas. Le fouet retentit davantage à la plantation. Les ouvriers et le contremaître laissèrent enfin libre cours à un zèle, refoulé pendant tant de temps. Les domestiques, à qui le travail de la canne à sucre avait été épargné, durent pour la plupart quitter la grande maison.
Une nouvelle vie s’ouvrait à nous. Une vie furieuse, une vie de rage.
Le cercueil avait été scellé, le tombeau refermé et avec eux les quelques ombres de bonheur s’en étaient allées.
Mais l’enfant vécut. »
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