Tout d’abord, pourquoi ce projet médité de Compostelle ? Après une année passée dans la charmante ville madrilène, arpentant les rues vivantes aux balconnets et aux façades colorées, les sentiers mythiques de Compostelle m’ont apparu comme une évidence. Passionnée par le voyage, l’échange et la solidarité, c’est avec une émotion certaine que j’ai emprunté les chemins en terres espagnoles depuis la ville traditionnelle de Burgos.

Entre rencontres inoubliables, découverte de soi et des autres, appréhension de la culture et des coutumes, introspection et émotions sens dessus dessous, mon manuscrit est authentique et empli de sincérité. Tel le pèlerinage antique et légendaire que chacun de nous connaît, j’ai le souhait et l’envie de partager cette expérience enrichissante, solidaire, amicale et personnelle.
Avec authenticité, je vous invite à un voyage sur les chemins de Compostelle, je vous partage le récit d’un pèlerinage aux confins des terres espagnoles.

« Le balisage file devant moi tel le véritable chemin de la vie, humble et simple, il est la seule raison de vivre des pèlerins qui progressent main dans la main dans l’espoir de parvenir à la belle et majestueuse Dame de Compostelle. »

Extrait

O Pedrouzo. Aube pluviale, le brouillard immaculé recouvre les plaines luisantes des averses nocturnes. Les sentiers à couvert s’enchaînent et chaque pas est minutieusement calculé afin d’éviter les flaques formant un véritable labyrinthe au sol. Les chaussures s’écrasent sur la terre gorgée d’eau et créent un bruit sonore humide dans la boue générée par les milliers de personnes foulant le chemin. La démarche tranquille, je progresse tandis qu’une pluie fine tombe et trempe mes bras nus, mais qu’importe, elle revigore. Aujourd’hui, le cœur est lourd et chargé d’émotions. Réunis pour un dîner communautaire entre amis pèlerins la veille au soir, l’ambiance fut joyeuse et conviviale mais la consternation devant l’arrivée prochaine était immense. Tout à fait émus par l’événement, nous avons échangé sur les pensées spirituelles, volatiles et passagères du chemin. Philosophiquement, émotionnellement, mentalement, physiquement, le Camino a révélé ses aventures et ses moments les plus forts. Quelle aventure marquante digne d’une épopée grecque.

Marchant nonchalamment, mon regard est vide, l’avant-dernière étape prend un goût amer désagréable et douloureux. Entre joie, peur, souffrance, pleurs, bonheur, fatigue et rires, l’ascenseur émotionnel a délivré à chacun son lot d’intensité indubitable. Alors même que Saint-Jacques-de-Compostelle se trouve au pas de notre porte, j’éprouve une terrible envie d’étirer le temps, de l’allonger éternellement afin que le chemin ne prenne jamais fin. La tête haute, j’aimerais continuer d’avancer main dans la main avec cette véritable famille du Camino, cette famille généreuse et solidaire, cette famille réconfortante et aimante.

Aujourd’hui, mes pas marchent seuls et mon esprit se trouve bien loin, comme perdu dans des pensées moroses et nostalgiques. Les larmes au bord des yeux, les paroles échangées la veille tournent en boucle dans ma tête, tel un disque rayé interminable. Mes tripes se serrent lorsque les souvenirs accumulés se projettent en flashbacks tandis que le paysage qui défile sous mes yeux ne semble plus exister. El Camino es la vida […]. À jamais, j’aimerais fouler les sentiers du Camino pour sentir mon cœur battre, pour adorer et vivre la vraie vie, belle et terrible, amoureuse et tumultueuse.