Une vie pour une mort dépeint notre monde dans un futur non daté. Sombre, réaliste, quoi qu’un peu surnaturel. Le sujet traité est la mort et « l’après ». Il y a un personnage principal, Ahronn. Il meurt. Il va en enfer. Il ressuscite… N’oublions pas, tout à un prix. Il ne sera évidemment pas seul. J’ai souhaité que tous les autres personnages soient eux aussi travaillés et ne restent pas des inconnus pour le lecteur. Ils ont leur personnalité, leur histoire. Souvent sombre et riche de questionnements. Je souhaite bousculer le lecteur sur, peut-être, sa propre existence. Le monde dans lequel l’histoire se passe est proche du notre, mais quelque peu modifié suite à des crises tant naturelles qu’humaines… catastrophes naturelles, technologiques, maladie, guerres… Il présente un monde ou l’humanité a pratiquement été totalement détruite. On pourrait le réduire à un monde postapocalyptique, cependant, je le vois plus comme une transition vers un temps nouveau. L’originalité réside dans la proposition d’un potentiel futur. Sa création a pour but principal de provoquer et bousculer le lecteur.

Résumé

Je croyais que ma vie était un fardeau, peut-être bien trop lourd pour l’enfant que j’étais.
Une croix qui se serait alourdie avec le temps, par des souffrances noyées de pleurs sans réconfort. À en oublier la chance de vivre.
Je remarque aujourd’hui, que l’homme ne voit jamais ce qu’il possède, mais uniquement ce qui lui manque. Tout comme moi, je ne comprenais pas très bien le sens de ma vie.
Le vide qui m’engloutissait, s’était transformé en une douleur profonde qu’un enfant ne peut contenir. J’en étais arrivé à en oublier mes privilèges. Mon innocence d’enfant m’avait mené à une lâcheté égoïste, j’étais allé jusqu’à prier les enfers. Pourtant, une fois le désir exaucé, ce manque était encore présent. Pour combler ce caprice, inconsciemment, j’avais conclu un pacte avec le diable.
Ma naïveté d’enfant m’obligeait à porter le masque de la vie. Seulement tout à un prix.

Extrait

C’était lors de cette soirée-là, celle de ses dix ans, où dans un coin de sa chambre, il s’était trouvé désarmé, perdu, les genoux en sang et tremblant. Cette affreuse blessure, il venait de se la faire lorsque son père l’avait obligé à descendre les escaliers menant vers l’extérieur, pour éviter qu’il ne les dérange lorsque les invités arriveraient. Mais ce n’était pas cette blessure qui le faisait souffrir. C’était la blessure que l’on ne peut pas guérir et qui s’infecte avec le temps, la blessure qui torture, celle du cœur.
Ses larmes ne coulaient pas, mais intérieurement, lui, il hurlait. Il voulait mourir plutôt que de vivre une vie sans aucun sens, s’évader, devenir libre.
Sa vie, Ahronn n’en voulait plus. Il ne la supportait plus. Sa jalousie qu’il ressentait pour tous les enfants, qui eux, vivaient son rêve dans le bonheur chaque jour, le dégoûtait. Qui aurait pensé que cette simple prière d’enfant se réaliserait ?

Tout se déroula ce fameux sixième jour de l’hiver de la 25e année. C’était l’année de ses onze ans. Le froid de cette triste journée ne l’avait pas empêché de sortir en cachette pour profiter de la forêt enneigée. Il avait emprunté des chemins à travers les bois qu’il connaissait par cœur. Ce n’était pas la première fois qu’il s’y promenait seul. Comme à son habitude, il traversa une petite route, puis deux, puis trois, seulement la quatrième, par oubli de regarder si aucune voiture n’arrivait, il ne vit pas arriver sa mort.
Si la voiture pressée ne l’avait pas percuté, il aurait traversé la rue sans aucun problème. Son corps ne se serait pas projeté à plusieurs mètres de hauteur, puis il n’aurait pas chuté violemment sur le sol.
Baignant dans son sang, les dernières paroles qu’il entendit n’étaient pas celles de ses deux parents ainsi que de son frère apeuré, car personne n’était avec lui. Il entendit simplement la voix de la liberté, qui malgré ses séquelles, lui permit d’esquisser un sourire.

Est-ce que ses parents et son frère seront tristes ? Peut-être qu’ils ne remarqueront pas l’absence de leur fils et peut-être qu’ils continueront à vivre dans leur monde égoïste. Après tout, Ahronn s’en moquait royalement, il était enfin apaisé, c’était tout ce qui comptait pour lui.
Son être était devenu vide. Les nuages qui jusque-là avaient voyagé au-dessus de son corps meurtri, avaient disparu. Ahronn était mort.