Qui pourrait mieux décrire une enquête policière qu’une investigatrice chevronnée ayant été confrontée à de multiples procédures, parfois dures, où la noirceur de l’homme s’est illustrée de nombreuses fois ?

À mi-chemin entre fiction et réalité, « Entre-deux » est la promesse d’une intrigue policière psychologique bien ficelée suivant le parcours de Dimitri, jeune immigré français aux États-Unis, qui avait tout pour être heureux… sauf une femme qu’il finit par rencontrer sur un site de rencontres en la personne de Chloé, malentendante et malvoyante, ravissante malgré ses handicaps.

Le rêve américain tourne court lorsque le corps de Chloé est découvert par son gardien. Dimitri, rapidement, trop peut-être, est désigné comme le coupable idéal de ce crime odieux.

Condamnée à la peine capitale, son exécution le propulse dans un « entre-deux monde » d’où il peut revivre toutes les étapes l’ayant conduit devant son bourreau.

Extrait

Le Docteur MILEY a fait son office. Il ne s’est pas embrassé à désinfecter mon bras et l’injection n’a pris que quelques secondes. J’ai à peine senti le poison envahir tout mon corps. Une vague de chaleur a parcouru tout mon être puis le néant. Je ne sais pas si le produit a agi. Cependant, je me vois, avachi, sur ma chaise inconfortable. De la bave s’écoule le long de mes lèvres serrées. Mes yeux sont mi-clos, vitreux comme après une soirée trop arrosée. Ma tête dodeline sur la gauche et mes mains sont crispées sur les accoudoirs de mon dernier fauteuil, mes ongles y ayant laissé une empreinte indélébile venant s’ajouter à celles déjà laissées par les anciens détenus exécutés.

Je n’ose y croire et, pourtant, il semble bien que je sois mort. Cependant, j’ai toute ma tête. Mon âme est encore présente dans cette pièce hantée par d’autres esprits torturés par leurs actes immondes, esprits qui m’oppressent de leurs sinistres existences dont je perçois, en éclair, tout le déroulement. Je perçois aussi le moindre détail de la scène qui se déroule sous mes yeux. Le Docteur MILEY prend mon pouls au niveau de la carotide. Puis, il appuie son stéthoscope sur ma poitrine qui ne se soulèvera plus jamais. Le médecin, alors, hoche la tête vers les surveillants blafards et signe à la hâte un document que je ne peux lire. Le diacre imprime mon front d’une croix invisible comme pour m’apporter un peu de paix. Je pense à mes lectures d’antan, celles où je m’intéressais de loin à l’au-delà, aux interrogations liées à la mort.

Ça y est. Elle est là. Elle m’a englouti. Mais je ne vois pas cette lumière aveuglante décrite par ceux ayant témoigné de leur mort imminente. Je ne suis pas entouré par l’amour de mes proches décédés avant moi. Je ne décèle que cette lourdeur de cette salle maudite qui a accueilli mon dernier soupir.