Le thème du roman : Faire face à l’oubli pour ne pas se perdre
Un banal adultère à l’heure du début de la crise sanitaire, va bloquer Romain Baumal à Venise. Le décès de sa mère, Rose, pendant cette période, va faire exploser la vérité et mettre fin à son couple et à son emploi. Cet effondrement de son univers, va être l’occasion de retrouver l’appartement de son enfance, au cœur du quartier du Sentier, emplit des souvenirs de sa mère.
Parmi ceux-ci, une photographie dédicacée de Romain Gary et celle de son père mort au Liban dans les attentats du Drakkar, vont éveiller une quête de ses origines…
Lorsque Romain se réveille dans un lieu inconnu et sans souvenirs récents, il lui faudra retrouver les raisons et les circonstances qui l’ont conduit jusque dans ce lieu perdu de Lituanie.

Extrait

— Oublie-moi.
Ce n’est pas violent. Simplement deux mots, dans un souffle, qui disent la fin. Une fin qui est la conséquence d’évènements et de circonstances qui nous dépassent, d’un bouleversement du monde qui nous a menés jusque-là, à ce point de lassitude extrême, où dire « C’est fini » ne suffit pas. Il faut y convoquer la force de l’oubli. Tout effacer, pour ne rien laisser et ne pas devoir vivre pour assumer l’erreur. Car, au fond, ce n’est guère plus que cela. Une simple erreur. Une erreur qu’elle, Laurence, veut à jamais oublier.
Elle rassemble ses affaires, évitant de croiser mon regard. Ses épaules trahissent l’abattement, l’épuisement du corps et de l’esprit. Elle est déjà partie avant d’avoir franchi la porte.

Depuis la fenêtre de la chambre, je peux l’observer encore une fois, une dernière fois sans doute. Là, je la vois sortir de l’hôtel et traverser la place. Le soleil matinal projette son ombre, plus grande qu’elle, sur les pavés qui luisent encore par endroit des restes de la bruine nocturne. Tic-tic-tic. C’est le martèlement des talons, amplifié en écho par les façades des immeubles, et sublimé par le silence qui, à cette heure, recouvre la ville. C’est cette silhouette, mais peut-être davantage encore ces seules jambes, qui m’avaient séduit. Les chevilles, l’arrondi des mollets, les genoux qui se glissaient juste sous le bas d’une robe courte. Rose. Elle était rose, cette robe, le jour où je l’avais vue pour la première fois. C’était il y a quelques semaines, quelques jours après Noël, dans un café du côté du Louvre. La silhouette, perchée sur un tabouret du bar, avait éveillé mes sens et son rire, passant au-dessus des conversations policées du lieu, avaient attiré mon regard. Elle bavardait avec le barman, buvant, seule, à la paille, un cocktail qui devait être, c’était mon pronostic selon la couleur d’un bleu éclatant, un blue lagoon. Elle balançait ses jambes, découvrant peu, si peu, mais déjà trop pour enflammer l’esprit, et j’avais su intimement, immédiatement, que c’était perdu, que je voudrais en connaitre davantage. J’ai pensé perdu, comme peut l’être un corps qui tombe à la mer en pleine tempête.

L’auteur

Ingénieur de formation, j’ai été directeur, auteur et acteur de théâtre. J’interviens actuellement comme consultant expert dans le domaine de la cyber sécurité et de la cyber fraude auprès de clients du domaine bancaire.

En qualité d’auteur, j’ai publié un conte musical, La Revue de cuisine (Télémaque), un roman jeunesse, Serpentis, le gardien des registres (Prisma) et un premier roman, Les morts le diront (Prisma).

Je suis également l’auteur de plusieurs textes actuellement non-publiés : La sarabande des loups (Théâtre) ; Sand-Musset (Théâtre 30 représentations à Paris);