Le livre « une blanche, trois noires et une métisse » n’est pas une aventure de Nicot. Il s’agit d’un polar dont l’enquête est menée par un commissaire et ses inspecteurs. Une jeune femme est trouvée morte dans une rue au petit matin. Elle n’a aucun papier d’identité sur elle et personne ne signale sa disparition. L’enquête va être difficile jusqu’au jour où l’on découvre qu’elle fréquentait régulièrement un bar de nuit dont les jeunes employées étaient là pour faire boire le client et se faire payer, de préférence, du champagne.

Plusieurs d’entre elles seront également retrouvées mortes, dans les mêmes conditions. On pense bien sûr à un tueur en série et les investigations seront fastidieuses jusqu’au coup de théâtre final. L’assassin est… non, je n’en dirai pas plus…

Extrait

Elle se tenait devant lui, sans bouger, juste un imperceptible tremblement qui pouvait trahir une certaine inquiétude.
                 – Vous avez peur ? demanda-t-il.
                 – Peur ?… non. Je suis méfiante.
                 – Quelle est la différence ?
                 – La peur est un sentiment d’inquiétude, en présence d’un danger. La méfiance est plutôt un état d’esprit de quelqu’un qui se tient sur ses gardes, face à une personne qui pourrait lui porter préjudice. Moi, je n’ai pas peur, je me tiens sur mes gardes.
                 « Sûre d’elle, la demoiselle », pensa l’homme ; « elle a l’air de savoir ce qu’elle veut. » Pourtant, il n’avait ni le gabarit ni le faciès d’un homme qui pouvait inspirer la peur ou la méfiance. Il était de taille moyenne, assez mince, le visage plutôt avenant, rien qui pouvait inspirer à cette jeune femme une peur quelconque.
                 Elle, était très jolie, environ vingt-cinq ans, les cheveux bruns tombant sur ses épaules. Ses yeux, il ne les voyait pas, en tout cas pas pour définir leur couleur. Elle était vêtue d’une robe légère blanche avec de grosses fleurs multicolores imprimées. Le décolleté carré laissait entrevoir une poitrine confortable qui semblait ferme, malgré l’absence visible de toute entrave. En cette fin août particulièrement chaude, il était normal qu’elle fût habillée légèrement.
                 Il demanda :
                 – Que faites-vous ici à pareille heure ?
                 En même temps, il avait jeté un coup d’œil à sa montre qui indiquait minuit et demi.
                 – Je me promène. J’aime bien me promener la nuit, ça m’aide à réfléchir.
                 – À réfléchir à quoi ?
                 – Au sujet de mon prochain roman… et je crois bien que j’en ai trouvé le début.
                 Il sursauta :
                 – Oh ! vous êtes écrivaine ?
                 – Oui… enfin j’essaie, mais je n’ai encore jamais été publiée.
                 – Mais, vous avez dit « votre prochain roman », donc vous en avez déjà écrit d’autres ?
                 – Oui, trois, mais comme je vous l’ai dit, personne n’en a voulu…
                 Il se demandait quelle inspiration pouvait bien chercher cette jeune femme, à presque une heure du matin, dans cette rue déserte de la ville. Il demanda encore :
                 – Cela vous arrive souvent de trouver l’inspiration en pleine nuit, dans une rue déserte de la ville, pour écrire un nouveau roman ?
                 – C’est ça qui est passionnant ! Une rencontre fortuite, une situation insolite…
                 – Et vous pensez que notre rencontre est suffisamment insolite pour donner le départ à une nouvelle histoire ?
                 – Pourquoi pas ?… Toutes les rencontres sont particulières, insolites et peuvent susciter le départ d’une histoire… vous ne me croyez pas ?… vous avez l’air sceptique ?
                 – Sceptique ?… non, je suis plutôt du genre pragmatique. J’ai les pieds sur terre, vous savez, et je ne suis pas du genre à inventer des histoires à partir d’une rencontre fortuite.
                 – Et qui vous dit qu’elle est fortuite ? Je suis certaine qu’un jour ou l’autre, nous allons nous revoir.
                 Et la jeune femme disparut dans la nuit, comme elle  était subitement apparue devant lui.