Entretien avec Thomas Pouteau – Au sein des miens
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
À la parution d’un livre, le sentiment éprouvé est un mélange paradoxal d’excitation et d’apaisement. Apaisement d’abord parce que c’est l’accouchement d’un travail conséquent entamé depuis des mois puis excitation parce que le texte se libère de mes entrailles pour se découvrir au monde, heurter des corps, toucher des esprits, chatouiller des sensibilités. À la publication, mon travail semble s’arrêter tandis que celui du lecteur débute. Je fais peut-être davantage confiance à mon lecteur qu’à moi-même donc je crois véritablement en sa capacité à recoudre le récit que je lui offre.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité du livre relève autant de sa forme que de son propos mais soyons honnêtes, il y a des millénaires d’écriture avant moi, je ne révolutionne rien mais le caractère hybride du roman désarçonne des lecteurs. Est-ce une histoire vraie ? Si oui, jusqu’à quel point ? Après la lecture, les questions sont nombreuses. Pour ma part, en tant qu’écrivain, je n’ai pas de réponse à apporter, seulement un roman avec une histoire. Si vous croyez à cette histoire alors mon travail est réussi.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Dire que le travail d’écriture est éreintant serait une vulgarité. J’ai écrit sur un homme, quasi retraité qui a passé plus de quarante années de sa vie à travailler la matière chaude dans une usine froide où les bruits résonnent, percent les tympans, où les charges plient les dos. Alors, à côté de ça, écrire est une rigolade, un terrain jeu sur lequel, certes je me suis épuisé des nuits durant mais je prends beaucoup de plaisir. Concrètement, écrire c’est un regard porté sur le monde. Il me suffit d’enfiler ces lunettes pour me lancer dans cette aventure. Le chemin est chaotique, incertain, parfois boueux, parfois baigné de soleil et de phrases lumineuses mais il est long. Assis sur sa chaise, il faut un bon cardio. Mieux encore, il faut une bonne musique. Une bonne compagnie.
Thomas Pouteau, auteur de Au sein des miens, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.