Ce livre propose donc 3 aspects différents du travail théâtral de Bernard Cousin :

1) le texte complet de sa « Célébration de la Nature et de la Nuit » (qui est en réalité un montage de textes classiques français ou étrangers adaptés pour être donnés ici dans le parc d’un château)
2) l’adaptation de Zanoni (texte intégral)
3) avec la collaboration intime d’Agalmar « la Célébration, des bois, des soirs et des rois » (jamais représentée) et rédigée en « écriture automatique ».

Extrait

Z – Vous voudriez que je vous communique, sans épreuve et sans préparation, les plus
grands secrets qui existent dans la nature. Il est impossible à l’âme non préparée de
percevoir la vérité.
En ce cas l’âme ne la reçoit que pour la souiller. Vous avez des facultés qui peuvent
atteindre à une merveilleuse puissance, mais pour tirer parti de ces facultés il faut que
vous appreniez à concentrer tous vos désirs sur de grands desseins. Il manque à votre
nature cette harmonie, cette musique dont parlent les pythagoriciens. Cette harmonie,
Viola vous permettra de la trouver.
G – Mais puis-je être certain qu’elle m’aime ?
Z – Elle est toute entière tournée vers une autre affection c’est vrai : mais si je pouvais
faire qu’elle trouve en vous l’idéal de ses rêves…
G – Un tel don est-il au pouvoir de l’Homme ?
Z – Je vous l’offre si votre amour est grand, si votre foi en la vertu et en vous-même est
profonde et loyale. Sinon…
G – Mais si elle vous aime, comment pouvez-vous faire ?…
Z – Connaissez-vous si peu l’amour pour ignorer qu’il sacrifie tout, l’amour lui-même, au
bonheur de l’être aimé ? Écoutez-moi… Écoutez-moi ; j’insiste parce que je l’aime et parce
que je crains qu’avec moi sa destinée soit trop cruelle.
G – Pourquoi ?
Z – Dans trois nuits vous n’aurez plus le pouvoir de choisir.
G – Où nous verrons nous ?
Z —Là où vous vous attendrez le moins à me voir.
G – Pourquoi vous intéressez-vous tant à moi ?!…
Z – Si je vous disais que je veux vous initier aux secrets de cette magie que la
philosophie, de nos jours, regarde comme une chimère ou une imposture ; si je vous
promettais de vous enseigner à commander aux créatures de l’air et des abîmes, à
accumuler des trésors tel un enfant amassant des cailloux sur la plage. Si je vous
enseignais à découvrir l’essence des plantes qui prolongent la vie de siècle en siècle. Si je
vous parlais du secret de cette attraction irrésistible qui intimide le danger, désarme la
violence, dompte l’Homme comme le serpent charme l’oiseau ; si je vous disais que je
possède toutes ces choses et que je peux vous les communiquer, alors vous m’écouteriez
et m’obéiriez sans hésiter.
G – Oui, je l’avoue et je ne peux m’expliquer cet attrait, ce désir, que par d’imparfaits
souvenirs de mon enfance, par d’anciennes traditions attachées à notre maison…
Z – À l’un de vos ancêtres qui a cherché les secrets d’Apollonius et de Paracelse.
G —Vous connaissez ma famille à ce point ?!
Z —Pour l’Homme qui aspire au savoir, l’adepte le plus humble ne saurait être un inconnu.
Vous me demandez pourquoi j’ai montré tant d’intérêts pour votre destinée ? Il y a une
raison que je ne vous ai pas encore confiée…