Ce sont juste des séquences. Des aperçus, des rencontres, des moments de vie. De ces moments où l’on se rend compte qu’il n’y a pas que nous qui sommes brisés. De ces moments où l’on se rend compte ce qu’est qu’ « être vivant ». De ces gens qui se cherchent et cherchent sans jamais trouver. De ces personnes bancales, inadaptées, folles. De ces histoires simples, sublimes et cruelles. De ces vies volées, violées, tronquées, abimées, entrecroisées. De ces passages à vides. De ces irruptions brutales du Beau. De ces questions qui tournent en boucle. De ces indices qu’on ne voit pas et de la nécessité des détails…. La Vie. Le Vivant.
A chaque chapitre, une citation, une musique, un mot. Et puis, un fragment de vie qui dit l’essai, la tentative de retourner vers le monde qui fourmille, vers le recouvrement de l’ampleur des sens, vers la collision, vers la bigarrure.

Extrait

« Ce qui m’a effrayé dans ce voyage, c’est que je me suis rendue compte de l’incroyable futilité, de l’insipide insignifiance de tout ça. On n’est pas différent ailleurs, il n’y a pas besoin d’aller ailleurs pour se trouver. Il n’y a pas non plus besoin de voyager dans un autre pays pour éprouver la liberté ou l’ouverture.
Alors quoi ? On fait des voyages pour se faire mousser ? Dire « ça, je l’ai vu » ? Pour avoir quelque chose à raconter ? Pour remplir du temps, de l’espace ? Pour avoir quelque chose à écrire sur son CV ? Pour faire plaisir à tout le monde en ayant une « expérience » ? Pour se rassurer nous-même en montant un pseudo projet, en nous prouvant qu’on peut entreprendre des choses ? Pour qui voyageons-nous ? Pour nous, pour les autres ? Pour qui, oui, ou pour quoi voyageons-nous ?

Pour nous noyer dans l’anonymat, fuir le quotidien, s’échapper de notre vie, du Réel ? Pour déambuler dans un nouvel espace aux contours flous, bercé par une langue qu’on ne comprend pas sans effort, entouré de personnes qui nous sont inconnues, réduisant par la distance les chances de croiser une connaissance ?
Voyageons-nous pour essayer d’être autre ? Pour nous perdre ? Pour oublier ? Se faire oublier ? Essayer de ressentir à nouveau avec force les sentiments qui nous lient aux gens et à notre chez nous ? Pour sentir le manque ? Voyageons-nous pour mieux apprécier de rentrer ?
Cette question continue de m’obséder. »