Entretien avec Jacques Pezzana & Julien Gilles – Récit insolite d’une jeunesse ordinaire
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Jacques : J’étais excité et en même temps soulagé ! Il y a une quinzaine d’années, nous avions écrit avec Julien un scénario pour le cinéma, qui était un délire d’adolescents. Les confinements en 2020 nous ont permis de finaliser cette histoire, de la rendre plus mature, et développer encore plus le côté rocambolesque de chaque scène. La boucle est enfin bouclée !
Julien : Je pourrai décrire ce sentiment comme une vague de satisfaction qui m’a parcourue. Concrétiser ce projet de longue date en le tenant enfin entre mes mains, pour me dire qu’il sera à la portée de chaque personne désireuse de le découvrir, ne m’a pas laissé indifférent.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Jacques : La quasi-totalité des retours ont été vraiment très encourageants, vantant l’originalité de l’histoire et la fluidité de l’écriture. L’humour savamment dosé a beaucoup plu, ce qui m’a comblé car je l’ai personnellement vendu comme un « livre de divertissement » ! La partie « culture et histoire » dans le chapitre 4 a aussi été appréciée, et certains lecteurs ont posé des questions sur plusieurs scènes folles : fiction ou réalité ?
Julien : L’originalité de l’histoire vient en tête des retours, suivi de la bonne description des lieux et de la psychologie complexe des personnages. Les gens arrivent facilement à s’immerger et comprendre le récit. Certains furent choqués par le contenu, d’autres non. Mais j’assume ! Puisque c’est exactement l’effet recherché lorsque l’on décrit son œuvre de « bien éloignée du politiquement correct » ! Une autre critique moins élogieuse, mais il faut pouvoir tout entendre pour s’améliorer, est que le livre n’a pas été corrigé parfaitement.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Jacques : Ce fut une belle expérience avec énormément de temps passé et de travail correctif pour peaufiner au mieux la grammaire, l’orthographe et la ponctuation de chaque phrase. Les enseignements tirés sont une meilleure qualité d’écriture. J’arrive plus facilement à écrire directement une phrase ou un paragraphe qui me satisfait sans avoir à reprendre certains verbes ou mots. Mes idées viennent plus naturellement et sont plus rapides à mettre en page. La relecture devient elle-aussi plus simple.
Julien : C’est un bon début, que je qualifierais d’expérience enrichissante. Je précise que la découverte du milieu de l’édition dans lequel j’étais totalement profane fait partie de l’expérience, et pas seulement l’édition du livre en elle-même. J’ai découvert en surface un monde complexe. Comme dans d’autres domaines, le réseau fait beaucoup et tire vers le haut certains auteurs, pour en noyer d’autres. C’est finalement la pierre angulaire de la réussite, malheureusement bien plus que le talent et l’originalité. Si de nouveaux auteurs nous lisent, il faut faire attention à certaines maisons d’édition peu scrupuleuses et indifférentes de l’image qu’elles affichent auprès des lecteurs. Elles ont développé un business consistant à engranger de l’argent de l’auteur, en pariant sur la quantité publiée plutôt que sur la qualité…
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Jacques : Je pense qu’il porte bien son titre et sa phrase d’accroche. C’est un roman atypique et déjanté qui plaira aux lecteurs occasionnels comme assidus, cherchant à se divertir sans prise de tête. Les premiers lecteurs/critiques ont confirmé avoir apprécié les nombreux rebondissements de l’histoire et l’humour burlesque toujours bien placé. La crise sanitaire a permis de relâcher le stress et la pression pour exorciser notre folie !
Julien : L’originalité est l’histoire décalée et éloignée du politiquement correct, avec l’alternance entre fiction et réalité, qu’une jeunesse ordinaire peut mettre sur écrit pour développer un univers rythmé. Sombrer dans la débauche mais sans jamais s’éloigner de la raison, choquer tout en faisant rire et sourire… Mais toujours avec un fond de bienveillance. Les premiers lecteurs ont vite perçu l’histoire cohérente vis à vis de notre description.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Jacques : Comme nous avons écrit le livre à 4 mains, sans formation littéraire malgré notre passion commune pour la lecture, nous avons dû travailler pour se synchroniser afin de trouver une méthode efficace de travail. Avec le recul, nous avons plutôt bien réussi à nous stimuler mutuellement, puisque sur certaines parties, un des auteurs était plus inspiré que l’autre, et vice-versa sur d’autres parties. Quasiment toutes les nouvelles idées ont pu être intégrées à l’histoire, remplaçant certaines anciennes idées jugées moins pertinentes. Nous nous sommes boostés lorsque l’un ou l’autre avait un manque d’inspiration, et plusieurs concepts de l’un ont été repris par le second, ce qui a magnifié le rendu final. Ma méthode personnelle est assez scolaire, j’écris toutes les idées qui me viennent selon l’inspiration du jour, et ensuite j’ai besoin de laisser murir pour finaliser tout cela. J’ai une nature perfectionniste. Cela peut durer plusieurs jours ou semaines pour être totalement satisfait. Des fois, il peut arriver que pendant mon sommeil, mon inconscient m’aide !
Julien : Ce fut un travail de longue haleine malgré une trame définie depuis une bonne décennie. Il a fallu rendre mature l’histoire en couplant la folie de l’adolescence avec la sagesse de l’âge adulte. Utiliser les bases de ce que nous construisons pour édifier le reste. Jouer davantage avec la personnalité des héros, rendre les descriptions plus robustes en usant de mots au vocabulaire approprié. Décrire une scène intensément en faisant appel à tous nos sens, comme si l’on était en train de la vivre. Je n’ai pas trop de méthode. J’aime souvent griffonner quelques idées et puis l’inspiration me vient. Je fais un début de phrase, et puis j’y intercale des mots, je barre, je raye et j’y greffe une autre idée. À tout moment, je cherche comment je peux casser le rythme, pour surprendre ou choquer !
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Jacques : Evidemment, il faut un tome 2 ! Reste à trouver le temps… Vivement l’hiver ou le prochain confinement ! J’ai envie d’écrire sur le milieu de la musique (pour la folie) tout en ajoutant une histoire d’amour insolite (pour le sérieux) en fil rouge… On verra si le co-auteur sera d’accord !
Julien : Oui l’idée me trotte dans la tête. Ne serait-ce que pour continuer à développer l’univers de nos personnages, dans de nouveaux lieux et nouvelles situations.
Jacques Pezzana & Julien Gilles, auteurs de Récit insolite d’une jeunesse ordinaire, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.