Une étrange énergie magnétique agite le corps et l’esprit de Vincent, une énergie incroyable qui lui donne accès à des univers insolites. Médecin aux urgences, il voudrait bien vivre une vie normale, mais cela lui est impossible. Alors, au moins, il veut comprendre. Initié au chamanisme par une Amérindienne, à la mécanique quantique par un physicien de renom, il croisera des Esprits d’aujourd’hui et d’hier, déchiffrera des clefs laissées par son ancêtre qui « jouait avec le Soleil ».
De 1859 à nos jours, scène après scène, les personnages de L’Envers du Temps alimentent une histoire palpitante, tel le scénario d’un film à succès. La caméra est prête à tourner, il ne lui manque plus que les producteurs : vous ?

Extrait

28 août 1859
Quelque part au-dessus de nos têtes, à 400 km de la Terre. À l’instant même où un noyau d’hélium, expulsé par le soleil 3 jours plus tôt, traversa les couches basses de la magnétosphère, avant de frapper, une seconde plus tard, à 19 h 52, le petit corps duveteux de Joseph Mainpleine. Au moment précis où la sage-femme fut le témoin de son premier cri.

Quelle énergie dans ce cri ! De mémoire de sage-femme, aucun nouveau-né n’avait jamais fait trembler ainsi une maison, un étage entier ! La mère de Joseph, Madeleine, s’était vue, d’un coup, extirpée de ce moment si particulier dans lequel elle était entrée 4 heures plus tôt, lorsque les contractions, enfin efficaces, laissaient espérer l’avènement rapide de son premier-né et qu’elle avait alors fait appeler la sage-femme par gouvernante interposée.

D’où pouvait venir ce cri ? Comment imaginer un instant que ce petit bout de chair, issu de ses entrailles quelques instants plus tôt, pût avoir provoqué un tel tremblement de l’espace environnant ? Les deux femmes, la parturiente comme la sage-femme, avaient rentré la tête dans les épaules et Joseph ne dut qu’à la conscience professionnelle de cette dernière de n’être pas lâché pour tomber directement, sans aucun procès ni avertissement, sur le sol parqueté de la chambre de Madeleine. Le haut du corps crispé dans l’attente d’une catastrophe imminente, elles se préparaient au pire. Une explosion, un tremblement de terre, une tornade, quelque chose se produisant là, maintenant, dans la seconde, et qui allait lézarder les murs et écrouler leur monde et celui de Joseph qui, évidemment, ne se rendrait compte de rien.

Et puis… le vide sonore. Le silence total. D’ailleurs, Joseph s’était endormi. On eut peine à croire qu’il soit à l’origine de cette manifestation… comment dire ?…  animale, vibrante et totalement disproportionnée. Tout rentra dans l’ordre, les murs étaient debout. La maison survivrait.

Pendant le temps d’un éclair, les deux femmes s’étaient senties liées par la proximité d’une menace puis, comme rien d’autre que ce cri n’était survenu, chacune était revenue à son rôle : la mère délivrée d’un fardeau de 40 semaines, la sage-femme déjà en route pour l’accouchement suivant. Quant à Joseph, il aurait bien voulu raconter ce qu’il avait ressenti au moment où la première lumière lui avait été offerte, mais un certain manque d’expérience dans ce genre de situation lui imposait de taire ses impressions.

Madeleine et Joseph gardèrent la chambre pendant dix jours, par ce bel été chaud, le plus ardent du XIXe siècle. Ils firent connaissance et oublièrent tous deux les circonstances étonnantes et incompréhensibles ayant entouré l’éveil au monde de Joseph. D’ailleurs, Madeleine n’en évoqua rien lors des visites de Charles, son tendre époux (et père de Joseph) fort occupé par ses activités professionnelles. L’aurait-elle voulu qu’elle n’aurait pas su par où commencer. Non, autant taire ce que l’on ne comprend pas.