Sortie de Rails
Je suis auteur et comédien, je joue et j’écris, j’écris ce que je joue et je joue ce que j’écris. J’accompagne le mot du premier instant où je le pose sur le papier, pour son sens, jusqu’au moment où je le dis, pour son son.
Je fais aujourd’hui appel à vous pour réaliser ensemble ce projet d’édition. Je vous propose de contribuer à la naissance d’un livre et de devenir des partenaires pour cette création. Vous recevrez le livre en avant-première !
Salomé, Marshal, Emma et Ruben mènent des vies qu’on pourrait qualifier d’ordinaires. Marshal va au travail, Ruben va à l’école, Salomé cherche sa place et Emma est amoureuse. Ils suivent cette boucle quotidienne qu’ils se sont tracés eux mêmes sans le vouloir, sans le savoir. Ils ont cette impression d’être dépossédés de leur choix. Ils suivent passivement le rail qui les mène vers le bout du voyage. Sortie de rails raconte ces moments de lucidité, extatiques ou tragiques, c’est un récit d’instants, de prise de conscience, de rébellion face à soi même. Ils vont déclarer la guerre à la rotation du monde, partir à contre sens, vivre, choisir, sortir du rail.
Sortie de Rails pose la question : Que faire de notre part de choix ? La métaphore du chemin de fer désigne ces décisions qui nous enferment petit à petit dans nos conceptions de vie. Le texte questionne, sans jugement de bien ou de mal, de bravoure ou de lâcheté, notre capacité au changement, à pouvoir se réinventer en un instant. Et si finalement nos rails n’étaient qu’une illusion ?
Extrait
C’est quoi ce moment ? C’est quoi cet instant-là ? Celui qui passe comme une chance ou une sentence, celui qui nous défie de le saisir ou de le laisser mourir. Cette porte qui s’ouvre sur un autre monde, un autre soi. Un tout nouveau, peut-être pas tout beau non mais, autre chose quoi…
C’est à portée de main comme une gâchette, comme un bus qui passe. Mais on ne le regarde pas, surtout pas, ça fait trop peur, ça fait trop envie aussi, peut-être un peu des deux peut-être que ça fait trop peur parce que ça fait trop envie, quoi qu’il en soit on ne le regarde pas.
On reste là, raisonnablement là. Là où on est. Là où on est bien ou pas, ce n’est pas la question, mais là où on connaît. Là où on choisit ou on croit avoir choisi, là où on se fait croire que l’on a choisi. Là. Dans le rail. Dans le chemin de fer que l’on s’est construit, petit à petit. Pourtant, il n’en faudrait pas beaucoup, juste une seconde de folie, un saut dans le vide, un pied dans un bus, ou juste un demi-tour, et tout change. Changerait.
Et après ? C’est cette question qui nous sauve ou nous condamne. Et après ? On ne sait pas c’est tout l’intérêt en fait, ne pas savoir, ne plus savoir. Parce que c’est ça qui est terrible avec le rail, c’est de savoir, avoir un plan précis de où on va et de comment on y va, et de tous les endroits où on n’ira pas, parce qu’on ne peut pas être à plusieurs endroits à la fois. Alors on n’y va pas. On ne va nulle part, nulle part ailleurs que là où ça ronronne le tchoutchou de la mécanique bien huilée.