Entretien avec Claude Obadia – L’homme inachevé
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
D’abord un sentiment de joie, lié à la satisfaction du travail accompli. Et puis, bien sûr aussi, un sentiment de crainte. Car écrire un livre revient toujours à forcer le destin en provoquant, en recherchant, une rencontre. Il est des livres qui ne trouvent pas leurs lecteurs comme il est des lecteurs, il ne faut pas le perdre de vue, qui ne trouvent pas leur livre. Publier un livre est donc toujours non seulement solliciter une rencontre mais faire un pari.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Mes premiers lecteurs m’ont unanimement remercié de la clarté des thèses exposées dans cet ouvrage, et j’en suis très satisfait tant il est vrai que la clarté d’un livre est, à mes yeux, comme la politesse dont ne doit jamais se départir celui qui, en écrivant, réclame forcément l’attention du lecteur. Quand on demande à être lu, la moindre des choses n’est-elle pas d’être compréhensible et clair ?
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Cette édition s’est très bien déroulée. J’ai été sensible à la réceptivité de l’équipe des éditions Maïa et en particulier de leur directeur. J’ai par ailleurs beaucoup apprécié la réactivité des différents interlocuteurs que j’au pu avoir à chacune des étapes de la fabrication et de la diffusion du livre.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Je crois que l’originalité de mon livre a été très bien perçue par ses premiers lecteurs. Elle tient à deux choses. Premièrement, ce livre s’efforce, de bout en bout, de conjuguer la rigueur de la lecture des grands auteurs et la clarté de la réflexion. Je suis convaincu que suivre un philosophe comme on suit, en montagne, les traces d’un guide, ne nous interdit nullement de nous en écarter. Je crois même qu’il est naïf de penser qu’il suffise d’ignorer la tradition philosophique pour faire acte d’intelligence. Par ailleurs, et c’est aussi à quoi tient l’originalité de ce livre, elle aussi sentie par mes premiers lecteurs, il m’a semblé intéressant d’expliquer, à travers l’étude de problèmes philosophiques touchant aussi bien l’épistémologie que l’esthétique ou encore la politique, que si la condition humaine est marquée au sceau de la finitude, il faut cesser de s’en désespérer. La raison en est simple. L’inachèvement est la condition même de la liberté et de la possibilité, pour l’homme, d’exister humainement.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Mon dernier livre était en chantier depuis plusieurs années. Je savais que je disposais d’un matériau tout à fait substantiel mais je ne trouvais pas le temps de lier les différentes problématiques qui y sont développées. Et puis est venu le premier confinement et la réclusion qu’il a induite. Là, je me suis dit : « c’est le moment ou jamais ! ». Je me suis mis au travail pour finaliser l’écriture de ce livre, que j’ai achevée quelques mois plus tard. Ai-je des rituels ? Non. Des astuces ? Pas davantage ? En revanche, une règle, qui se résume à un mot : la patience. Ne pas se précipiter. Toujours mettre de côté quelques jours une analyse qui nous semble à chaud pertinente. Combien de fois n’ai-je pas « déchiré » ce qui, quelques semaines plus tôt me semblait on ne peut plus pertinent ?
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Oui, j’ai déjà commencé à travailler sur un autre projet. Un livre de philosophie qui sera aussi un livre d’amour, de mer et de navigation hauturière. Car j’ai deux passions : la philosophie et la navigation au large. Je vais donc tâcher, en revenant aux épisodes les plus mémorables de l’histoire de la course au large en solitaire et, plus largement, aux expériences que tout marin est amené à faire lorsqu’il s’aventure loin des côtes, de montrer en quoi la mer est, pour ainsi dire, l’école de la vie.
Claude Obadia, auteur de L’homme inachevé, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.