Entretien avec Georges Neyrac – Tango des ombres
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
La parution d’un livre est toujours un moment fort et chargé émotionnellement. C’est la concrétisation de longues heures d’écriture, d’une réflexion sur soi ou sur des événements. Mais le livre en soi n’est rien s’il n’est pas lu. C’est à mon avis l’objectif de l’écrivain, écrire pour être lu. Mais c’est mon sixième livre édité, je connaissais déjà le plaisir de se faire publier. Ce qui est savoureux aussi, c’est de voir son livre exposé dans une librairie, ce qui n’est pas encore le cas pour Tango des ombres.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Beaucoup de commentaires me sont parvenus, très flatteurs même si de nombreux lecteurs trouvent le livre poignant, dur, plein d’amertume et de violence rentrée. D’autres témoignent de la qualité de l’écriture, d’un style superbe. C’est très élogieux. D’autres encore ne comprennent pas pourquoi je ne suis pas édité par des grandes maisons d’éditions.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Le process de crowd-funding est long pour arriver à atteindre les niveaux nécessaires à l’édition. C’est intéressant d’arriver à convaincre des amis ou des relations qu’il faut s’investir sur un projet d’écriture. Forcément, il faut s’engager à dévoiler des extraits de textes pour donner envie. Je pense que le travail de l’éditeur n’est pas assez connu. Et il me semble absolument indispensable d’avoir des relations étroites et continues avec son éditeur.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’originalité réside dans l’association de photographies et de textes. Les photos sont des points de départ, des pré-textes puisque je suis aussi photographe. La restitution moyenne des photos et la mise en page n’ont sans doute pas permis de trouver l’effet recherché. Par ailleurs la structure du livre sous la forme de nouvelles peut perturber tant on est imprégné par le rythme des romans contemporains. Mais c’est un choix absolument revendiqué.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
J’écris depuis cinquante ans. Je n’ai pas l’angoisse de la page blanche. J’écris la nuit en règle générale, lorsque le silence se fait, et je m’octroie d’écouter de la musique, jazz ou classique, c’est égal.
Pour moi il n’y a pas de technique ou d’astuce. L’écriture est une musique, ou davantage une sonorité, un rythme, avec des silences, des pauses, des emballements et des trémolos. Le reste est une alchimie inexplicable…
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Le prochain livre est presque terminé et s’intitule Issues de secours. C’est l’histoire, largement autobiographique d’un enfant qui doit grandir dans les années soixante, soixante-dix, coincé entre un père terriblement autoritaire et des pulsions de lecture, de cinéma, d’amour. Comment faire des choix, exprimer des envies… Comment trouver les issues à son envie de vivre ? Là aussi des photos argumentent le propos, pour le soutenir autant que pour l’expliciter et l’enrichir.
Georges Neyrac, auteur de Tango des ombres, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.