Entretien avec Sandrine Walbeyss – Le Dernier Bakou
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
À la fois le soulagement d’arriver (enfin) à cette étape tant attendue, et l’inquiétude de savoir comment il serait accueilli par les premiers lecteurs. Je suis quelqu’un qui doute beaucoup, et après plusieurs années à recevoir des refus d’éditeurs et à retravailler mon texte, j’avais du mal à accepter la fin de cette phase.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Les premiers retours sont très positifs. Plusieurs personnes m’ont complimentée pour cette histoire incroyable. Une amie qui ne l’a pas encore terminé m’a dit qu’elle aimait beaucoup mon écriture. Quelqu’un d’autre m’a félicité pour mon imagination, mais a eu un peu de mal à suivre les différents lieux. Elle aurait aimé avoir une carte pour se repérer. C’est formidable d’avoir ce genre de retours, car ça me permet de progresser.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Tout d’abord, j’ai apprécié la gentillesse, la réactivité et le professionnalisme des divers interlocuteurs des éditions Maïa et de l’équipe de Simply Crowd qui m’ont accompagnée. L’écriture est une activité solitaire et j’ai aimé me sentir soutenue tout au long de cette étape.
La leçon principale est pour moi l’école de la patience. Pendant les mois où je retravaillais mon texte en attendant de trouver un éditeur, j’avais l’impression que ce sésame ouvrirait une porte et que tout s’accélèrerait. Or, si la sortie du livre a été rapide (quelques mois après l’acceptation par le comité de lecture), le chemin à parcourir pour le faire connaître (ainsi que l’auteure !) prend du temps. J’apprends à apprécier chaque pas que je fais sur ce chemin.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Je pense qu’elle tient à la fois à mon style d’écriture et à mon parcours.
J’ai commencé il y a 12 ans par l’écriture de scénarii, et j’ai gardé de cette époque le goût de la concision. Je m’emploie à trouver les mots justes pour donner le ton et l’ambiance, sans surcharger le texte de descriptions. C’est un travail sur le fil, un peu à la manière d’un humoriste qui campe un personnage avec une mimique et une manière de parler. Il faut être précis et ce n’est pas toujours simple, mais le résultat est un livre aéré et facile à lire.
J’ai passé 30 ans à chercher qui je suis, et à suivre un chemin de développement personnel qui m’a menée vers les disciplines métaphysiques chinoises et le bouddhisme. Cette sensibilité nourrit mes histoires. Il ne s’agit pas d’une solution miracle toute prête, mais plutôt d’une autre manière de regarder le monde. Ce sont des outils qui s’intègrent dans le quotidien sans faire de bruit, et dans un roman presque imperceptiblement.
D’après les premiers retours que j’ai eus, je pense que mes lecteurs ont ressenti cette originalité et qu’elle leur a plu.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je suis quelqu’un qui écrit vite, mais par périodes. Je peux passer 3 mois à rédiger 10 à 20 pages par jour, puis 4 mois presque sans composer une ligne. Je me laisse guider par l’inspiration du moment. Si je sens qu’elle n’est pas là, je fais autre chose. J’ai toujours fonctionné comme ça, et ça me réussit. Lorsqu’il est temps d’écrire, il m’arrive de me lever à 4h du matin pour ajouter un chapitre, ou d’inscrire des éléments dans le noir sur un bloc-notes pour ne pas réveiller mon mari. Dans ces moments-là, les idées fusent presque en permanence, je vis dans un monde alternatif avec mes personnages.
Une fois ce premier jet terminé, je le laisse reposer pendant plusieurs semaines avant de le retravailler. En général, quand je commence une histoire, je sais à peu près où elle m’emmène, mais pas du tout par où elle va passer. Cette première étape permet de fixer l’ensemble des éléments. Ensuite, j’optimise l’agencement des chapitres pour mettre en valeur l’intrigue. C’est là que j’entame l’analyse du texte pour repérer les « mots en trop » et toutes les vérifications grammaticales et orthographiques. Cette phase de relecture peut durer aussi longtemps (voire plus) que le travail de rédaction initial.
Le seul rituel que j’ai est de travailler en musique. Il me faut des morceaux que je connais (pour ne pas détourner mon esprit de l’écriture) et une ambiance qui correspond à mon état d’esprit du moment. Il m’arrive d’écouter le même morceau en boucle pendant 3 semaines.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Je vais vous confier un secret. Mon deuxième livre est déjà écrit et je commence le troisième. Ils se passent dans le même monde que le Dernier Bakou, quelques années auparavant, avec quelques incursions sur d’autres planètes. Et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir dans cet univers, alors il y en aura certainement d’autres !
Sandrine Walbeyss, auteure de Le Dernier Bakou, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.