Entretien avec Antonella Luparello – Amour, souvenirs et spaghetti
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
J’avoue que les émotions étaient mitigées, à la fois de la joie de pouvoir le tenir en main et voir un « lien » avec papa continuer à exister. Et, en même temps, une forme de mise à nu et ma pudeur me renvoie à de la gêne et je me suis même surprise à avoir peur de blesser l’une ou l’autre personne de mon entourage au travers de ce récit.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
J’ai tout de suite été agréablement surprise des retours, remplis de bienveillance.
Et vraiment touchée par les mots, visiblement, mon histoire fait écho à la leur dans beaucoup de cas.
Les premiers mots sont : Amour, force, tendresse, émotions, joie, hommage et souvent cette phrase : « il doit être fier de toi ! ». Le mot qui détient le podium est vraisemblablement: « Merci ».
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
L’écriture a été et est pour moi thérapeutique, c’est un exutoire, cela m’a permis de poser mes émotions sur papier. Le travail a été fluide et naturel, j’ai envie de dire. L’idée germait depuis un moment et lors d’un appel à Valérie Renard qui est également auteure chez vous avec le « Carnet vert », nous avons beaucoup échangé et il y a eu comme un déclic. Une forme de besoin de remplir à l’encre noire la page blanche. Nous avons continué à échanger, elle m’a « coachée » sur « l’accouchement », je le nomme comme ça, du chapitre qui traite de l’euthanasie. Les idées étaient là mais en désordre, elle a su m’accompagner et y mettre de l’ordre.
Je retiens le fait que je grandis grâce à cette expérience, j’expérimente l’expression de soi et j’apprends à accueillir l’expression de l’autre.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Je dirais authenticité et délicatesse qui sont à mon sens les ingrédients « originaux » de ce récit. Et, oui, au regard des témoignages reçus à ce jour, ce sont des mots qui sont régulièrement formulés. Je pense donc que les lecteurs sont sensibles à ce côté peut-être un peu « candide », dans la noblesse du terme, et qui est présent dans mon écriture.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je vis à la campagne et cette nature me ressource, je suis certaine qu’elle alimente la source de l’écriture. J’ai commencé par prendre des notes dans un carnet, j’aime l’idée d’écrire encore à la main, c’est un exercice qui me procure du bien-être et il me permet de me poser. Une fois le carnet plein et le déclic arrivé, alors j’ai commencé à taper sur mon clavier.
Le son des touches mêlés à la musique de Ludovico Einaudi, alors, là, je suis dans ma bulle et rien ne peut m’en sortir. Je suis comme transcendée par ce sentiment grisant de délier les mots, de les voir prendre forme sur l’écran et de voir les pages se remplir. Je revis de façon intense chaque moment et j’ai souvent été prise en flagrant délit de larmes par mon fils ou mon mari. Les émotions étaient à vif et nécessaire à ce travail de naissance. Oui, j’ai souvent eu le sentiment d’offrir une seconde vie à mon papa. Présomptueux, probablement … mais vital essentiellement. Le rituel est simple, mon carnet, ma tasse de thé, la musique dans les oreilles, l’ordi et hop c’est parti pour des heures.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
J’aimerais beaucoup oui, prendre le temps à nouveau de me laisser voyager à travers un récit et des émotions qui bouleversent. J’ai en tête deux sujets, l’un est celui d’une jeune quarantenaire en quête de sens et l’autre serait peut-être un condensé d’histoires et de phrases entendues lors de mes séances de coaching. Une sorte de mise à l’honneur de ces hommes et ces femmes qui font un travail d’introspection, qui grandissent et me font grandir. L’idée est encore en gestation, rien n’est figé à vrai dire et c’est ce qui me plaît.
Antonella Luparello, auteure de Amour, souvenirs et spaghetti, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.