Entretien avec Jean-Marc Percier – Le Vent chaud des souffles enlacés
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
J’ai éprouvé la joie de la matérialisation de sa publication, incarnée par le toucher suave du papier, le poids de son existence, la réification de ma création. J’ai également ressenti le plaisir de la naissance d’une sorte de spiritualité du partage auprès de mes lecteurs, rendu possible par cette réalisation concrète. Cette joie et ce plaisir ont permis de ressentir des émotions positives, un soulagement d’avoir accompli une étape sur le chemin de l’écriture. Sa publication me conforte dans le désir de continuer à écrire.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Ce livre est un recueil de poésie, qui est une écriture particulière, différente de celle d’un roman. Sa lecture et le ressenti des lecteurs sont donc à l’image de son écriture et aussi de sa construction. En effet, mes premières lectrices ont été les six personnes proches que j’avais invitées à m’indiquer, parmi les textes compilés depuis longtemps, ceux qui méritaient leur place dans le livre en gestation. C’est donc dès la phase de choix de ces textes que j’ai recueilli les premiers retours, qui me confortèrent dans l’opportunité de les publier. Leur qualité littéraire, perçue par ces premières lectrices, semble confirmée par les avis reçus depuis la parution du livre. Ce qui revient souvent, c’est le plaisir ressenti à leur lecture. Plusieurs personnes me disent lire un de mes poèmes chaque jour, comme pour faire durer l’émotion de leur découverte. C’est le cas de plusieurs personnes, comme Claire, qui écrit : « Je lis tous les jours un poème de ton recueil le matin avec mon petit déjeuner pour bien commencer ma journée ! » Je prends cela comme un rendez-vous poétique, en résonance avec mon intention de partager des ressentis… Un autre avis me touche aussi et résume un sentiment partagé par ailleurs : « Félicitations ! Un nouveau bébé est né ! Super pour le taux de natalité littéraire » (Gaëlle).
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Être publié est une reconnaissance du milieu de l’écriture et de ses acteurs, en attendant celle des lecteurs… C’est ce que j’ai confié à une amie écrivaine à qui je dédicaçais mon livre ainsi : « Heureux de te rejoindre au paradis des écrivains pour être sûr de m’éloigner de l’enfer des humains… » J’ai l’impression d’être accueilli dans un univers de rêve, celui que j’imaginais depuis mon plus jeune âge et que je mystifiais, car l’idée d’être édité me semblait inaccessible. J’en ressens aujourd’hui comme un privilège et je me dis que la présence d’un auteur dans les rayons d’une librairie est à la portée de bien plus de gens qu’on le suppose. Ce n’est pas qu’une question de talent, mais de confiance en soi. Combien d’œuvres dorment dans des tiroirs sans jamais sortir de l’ombre pudique de leurs auteurs !
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
L’idée principale qui me vient pour répondre à cette question, c’est qu’un livre de qualité et « publiable » peut très bien être écrit avec des mots simples. La difficulté réside dans l’assemblage de ces mots « ingrédients », un peu comme en cuisine un chef conçoit une œuvre culinaire avec des produits connus de tous. Il suffit d’avoir du bon matériel et quelques expériences pour satisfaire ses convives… Ce que je dis là est résumé dans un court poème de mon recueil : « Que tes mots simples sont beaux ! On croirait de frêles bagages Que tu amènes en voyage Pour aller encore plus haut… » C’est dans cet esprit que j’ai écrit tout un chapitre de mon recueil sur le thème de l’écriture, comme un encouragement à ceux, surtout les plus jeunes, qui se sentent incapables (à tort) de s’exprimer par écrit. Je citerai notamment mes poèmes « Écriture » (page 95 du livre), et aussi « La jeunesse du poète » (p.108) ou encore « Ta plume » (p.107).
De là à conclure que mes premiers lecteurs ont ressenti cela, il est encore tôt pour le dire. Ce que j’entends par contre, c’est la phrase : « mais où trouves-tu toutes ces idées ? ». J’ai tendance à répondre que je pars d’émotions faciles à repérer, puis je choisis les mots qui conviennent à les qualifier. C’est simple, vous ne pensez pas ?
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
L’écriture poétique connaît le luxe et le confort de la durée. Je m’explique : un recueil de poésie, comme son nom l’indique, rassemble des textes qui ont pu être créés à plusieurs moments d’une vie, ce qui est le cas pour mon livre. J’ai rassemblé des poèmes créés depuis l’adolescence, et je les ai confrontés à des créations très récentes. Ce faisant, j’ai eu le sentiment magique que ces textes écrits à des périodes différentes, sur la base d’émotions et d’expériences étrangères les unes des autres, s’étaient donnés rendez-vous à un moment précis de ma propre vie. Poétiquement, je dirais que mes poèmes ont manifesté ensemble le besoin d’être publiés… ensemble. Alors j’ai obéi, encore une fois « simplement », à leur désir. Après avoir considéré ce vœu de mes « œuvres » comme important, j’ai ressenti comme impérieux le besoin de les réunir dans ce recueil. Il ne restait plus qu’à en organiser et révéler la cohérence. J’ai donc harmonisé leur écriture pour rendre leur lecture plus fluide. Je les ai aussi organisés en chapitres selon 4 thématiques, ce qui m’a permis de prendre conscience de mes préférences d’écriture : Le désir et l’amour, la notion du temps, les émotions, l’écriture. Ce sont mes propres écrits qui m’ont appris des choses enfouies en moi. Je remercie mes mots comme des personnes amies !
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
La parution de ce livre a été comme une énergie primaire qui va me servir de moteur et de motivation à mes prochains écrits, dont certains sont déjà bien avancés et même terminés. Un second recueil de poésie sera bientôt proposé à l’édition, et aussi des nouvelles, des histoires illustrées pour enfants, mais aussi un roman.
Ce dernier, dont l’histoire est déjà écrite sous forme de pièce de théâtre (non publiée) est en cours de transposition littéraire sous une forme romanesque. Son intrigue se situe au moment de la chute du régime de Ceausescu dans la Roumanie des années 1989-90. Il met en jeu une chorégraphe réfugiée en France, car menacée par ce régime dictatorial.
Jean-Marc Percier, auteur de Le Vent chaud des souffles enlacés, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.