Entretien avec Olivier Esnault – Idoles et Icônes
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Il devient presque plus difficile de faire paraître un livre que de l’écrire, une parution est donc perçue comme un verre d’eau fraîche par une journée de canicule. On se demande parfois pourquoi écrit-on, on devrait plutôt se dire pourquoi n’écrit-on pas. Quoi qu’il en soit, un livre n’est pas fait pour rester dans des cartons, mais pour être lu par d’autres.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Commençons par les retours mitigés : un lecteur dit à propos de mon livre : « Comment peut-on être aussi matérialiste ! » ; un autre : « On ne peut pas prouver l’existence de Dieu ». Certains sont heurtés par mon incroyance, d’autres par ma fascination pour les religions. Pourtant, Idoles et Icônes n’est pas un essai sur la religion ; ce livre rassemble simplement des fictions où des petits humains se débattent dans les pièges de la vie. En fin de compte, chacun est renvoyé, par au moins un des récits, à sa propre histoire.
D’autres retours sont chaleureux. Une lectrice écrit : « En quelques phrases, un tableau clair de chaque époque est dressé, le regard de l’historien transparaît grâce à certains détails, comme l’utilisation de l’estomac de cheval dans Néandertal. Le récit qui m’a le plus marquée est, précisément, Néandertal, avec la naissance d’un rituel mortuaire, d’un espace sacré. Une expérience tellement forte qu’elle marque un point de rupture avec tout ce qui avait été vécu auparavant ».
Un autre lecteur dit : « Votre vision des croyants à travers différentes religions, toute empreinte de cette « tendresse de pitié » selon l’expression d’Albert Cohen, m’a touché profondément ».
Enfin, Albert Bensoussan, traducteur, écrivain et chroniqueur, a présenté mon livre dans un article posté sur le site UNIDIVERS ; il en parle finalement mieux que moi quand il évoque les « courts récits dépaysants et étranges » que je propose aux lecteurs.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Éditer un livre amène un auteur à plus d’exigence. L’auteur doit fournir un texte impeccable quant à la forme, laissant au lecteur le soin d’en partager ou non l’esthétique et l’émotion. Ensuite, l’auteur doit sortir de son travail d’écriture pour réfléchir à la manière de faire connaître son livre auprès du plus grand nombre possible de lecteurs.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Mon livre est construit selon le principe d’un abécédaire ; mais les lecteurs ont été intéressés par la construction de Idoles et Icônes qui leur permet, grâce à un tableau et une carte, de circuler dans le livre selon d’autres logiques que l’ordre alphabétique. J’espère aussi que chacun comprendra que les croyances enchantent le monde à défaut de le rendre compréhensible ; c’est en tout cas ce que suggèrent mes histoires qui se déclinent comme de courtes fables.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
J’écris chaque soir plusieurs heures. La première version d’un texte en est le plus souvent la version presque définitive. Je lutte contre moi-même pour développer une histoire tant je déteste les mots inutiles. Je m’attache à recréer à chaque fois les images et les sons que je ressens quand je donne vie à mes personnages et à leurs tribulations dans des époques et des contrées diverses. La relecture à voix haute d’un texte terminé permet d’en vérifier la fluidité.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
Je prépare actuellement un deuxième livre avec les Éditions Maïa intitulé Les Filles de l’Équatorial. Ce livre traduira ma vision de la Guyane, où j’ai passé plusieurs années, à travers 7 nouvelles, parfois drôles, souvent cruelles, mais toujours trempées par les pluies équatoriales.
Olivier Esnault, auteur de Idoles et Icônes, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.