Entretien avec Martine Dargent auteure de Zoé dans la cour des grands

Entretien avec Martine Dargent auteure de Zoé dans la cour des grands

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Manon et moi étions comme des enfants qui attendent Noël. Il s’était passé de longs mois depuis les débuts de l’écriture, de la création des illustrations, de la recherche d’un éditeur… Ni elle ni moi ne connaissions le monde de l’édition et chaque réponse positive à nos envois de manuscrits nous donnait espoir de voir notre livre prendre forme.
Alors quand nous avons reçu le colis de livres, nous avons ressenti une grande satisfaction. Une délivrance.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

Ce sont tout d’abord nos soutiens, famille et amis qui ont lu notre livre. Même si l’intérêt que la lecture avait suscité chez eux était loin d’être feint, nous savions que leur regard et leur jugement était un peu faussé. Mais peu à peu, nous avons rencontré d’autres lecteurs, moins proches, et les retours restaient positifs. Les moins complaisants sont toujours les enfants, de la famille ou pas, qui disent en toute franchise et sans aucun filtre s’ils aiment ou pas… J’attendais particulièrement leur avis. Notre histoire leur a plu. Ils y ont retrouvé des situations auxquelles ils sont souvent confrontés. Ils m’ont demandé comment j’étais si bien renseignée sur ce qui se passe dans la cour de récréation… Parce-que c’était exactement comme ça que ça se passait. Ils ont aimé le personnage de Zoé, dont le courage et l’obstination les a inspirés. Mon objectif était atteint, je savais que mon livre pouvait leur être utile.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

Cela fait longtemps que j’écris, des spectacles pour le jeune public, ou des pièces de théâtre pour adultes. Jamais je n’ai pris le temps de faire éditer mon travail. Maintenant que j’ai goûté au plaisir de voir un texte mis en valeur sous la forme d’un vrai livre, j’aurai certainement envie de poursuivre l’expérience. Toute l’énergie mise à l’écriture est comme récompensée. L’ouvrage est abouti, protégé.

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

Le livre « Zoé dans la cour des grands » plonge le lecteur au centre même de la question du harcèlement à l’école. Il va vivre intimement les émotions des divers protagonistes de l’histoire. Celles de l’enfant harcelé, du harceleur et des témoins plus ou moins embarrassés ou combatifs. Lui-même ayant très probablement vécu cette situation, dans un rôle ou un autre, il se sentira directement concerné. Il va vivre cette histoire de l’intérieur et la lira avec d’autant plus d’intérêt qu’elle fait écho à un vécu intense. Les solutions imaginées dans la fiction peuvent l’inspirer et le soutenir s’il est confronté à ce problème dans la cour de son école. L’autre particularité de ce livre est qu’il s’adresse aussi aux adultes. Leur intervention est nécessaire pour résoudre une situation de harcèlement et pourtant, ils manquent souvent de vigilance et tardent à intervenir. C’est avec humour que l’histoire les interpelle et les remet en question.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

Le travail d’écriture est pour moi une sorte de saut dans le vide. Je le débute en général par de la documentation. Sur le sujet ou le contexte historique ou géographique. Pour « Zoé dans la cour des grands » je suis allée dans les écoles recueillir les témoignages des enfants. Je m’accorde ensuite une grande période où je laisse mon esprit vagabonder. Puis à partir du thème et des principaux personnages de l’histoire, des jalons s’implantent petit à petit. Il y a une première période « des petits carnets », où je note des idées en vrac, sans aucune censure. J’imagine une vie à chaque personnage, une famille, ce qu’ils aiment ou détestent… Des scènes apparaissent, sans aucun impératif d’ordre, mais où l’intrigue doucement se dessine. Alors dans un deuxième temps, l’écriture à proprement parler commence, beaucoup plus rigoureuse, où je peux rester très longtemps sur le choix des mots ou de la composition d’une phrase. Mon seul besoin pour écrire est de pouvoir vider ma tête de toute autre préoccupation. Et ce n’est pas si simple.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Mon projet actuel est d’écrire une version pour les collégiens du spectacle « Dans la cour des grands ». La suite logique serait la forme roman…

Martine Dargent, auteure de Zoé dans la cour des grands, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.