Texte inédit de Simon Dominati

 

Retrouvez en exclusivité un texte inédit de Simon Dominati auteur de À l’ombre de l’école.

Bonne lecture !

A l’ombre de l’école.
« A l’ombre de l’école » est à l’origine un titre intuitif.
Une sorte de ressenti, une impression qui s’est avérée être une réalité.
Toute ma scolarité dans le primaire et au cours complémentaire, collège de naguère, je me cachais pour ne pas révéler ma condition de sous-élève qui galérait à cause d’une surdité partielle mais invalidante et surtout, constituait un frein pour les apprentissages fondamentaux.
Presque exhibant une grande timidité, je suscitais l’indulgence sans le savoir, les enseignants me protégeaient pour ne pas troubler davantage ma condition. Nous étions dans un village où les enseignants connaissaient les familles, les relations étaient donc particulières.
Cela a perduré jusqu’à l’entrée à l’université, à laquelle j’accédais grâce à un coup du sort quasi magique. Au grand jamais, je n’avais pensé franchir ce grand Rubicon. Dans cet univers très exposé, j’étais un mystère, incapable d’entendre le moindre enseignement dans un amphi.
Je traçais mon chemin, inlassablement, bien tapi dans mon secret, sans aucune perspective, j’ignorais où tout cela me mènerait.
Cette ombre, comme une fatalité qui collait à ma peau, va planer sur ma vie active.
Active, mais cachée presque secrète car je traînais toujours ma petite galère dans cette opacité qui me suivait, me précédait aussi.
Je réalisais cette évidence, non évidente pour moi jusque-là, à chaque inspection.
Mes inspectrices, surtout, me disaient en fin d’entretien :

Quel dommage que vous soyez si discret, si peu visible, le monde enseignant gagnerait à vous connaître.
C’était plus fort que moi, l’ombre collait à mon existence et me poursuivra jusqu’à très tard. Jamais, je n’ai osé le moindre pas vers la lumière.
Ce n’est qu’en écrivant mon premier livre « Au cœur de mon village, mon village au cœur » (Edition Maïa) que j’allais sortir enfin de cette ombre pour paraître au grand jour. Au diable la solitude, au diable le cache-cache, on me voit presque trop et j’envisage de réaliser ma cinquième expo photo, sans doute intitulée « Embrassades », c’est vous dire !
Le nuage qui me faisait de l’ombre s’est évanoui dans le ciel bleu, à quelques encablures du bout du chemin, me voilà, enfin.
Il est presque trop tard, vu mon grand âge, mais diable, qu’est-ce que je suis heureux.
Il était grand temps ! Temps de vivre au grand jour, l’appel de l’au-delà tinte déjà à mes sourdes oreilles…

Simon Dominati auteur du livre À l’ombre de l’école