Un homme et une femme.
C’est une histoire d’amour… histoire d’une passion dévorante.
Ça parle d’un amour peut-être impossible, de séparation et de douleur aussi et puis surtout, ça parle d’écriture, de poésie et de mots… « d’histoire de mots et d’histoire de peaux ».
Il y a des lettres… beaucoup de lettres.
Ce texte a été conçu dans l’urgence… l’urgence de presque deux décennies qui n’ont en rien entamé mon désir de dire et ma folle envie d’exprimer… d’être au plus proche du sens et de l’émotion… de la vérité des mots.

Extrait du livre

Extrait Lettre 7

Et puis il y a les lettres aussi avec des mots impossibles. Peut-être.
Tant de lettres avortées… lettres mortes je le sais !
Mal expulsé tant de mots dits je te maudis et mes aveux dans la nuit froide, tous mes secrets répétés à la pluie… tous les secrets gouttes d’eau et la folie pour ta peau.
Ton corps à pleurer… il y a mes regards comme des pensées vagabondes pour toi alors je reste là avec les lettres et tout mon mal-être… voudrais t’envoyer paître parfois mais j’appelle un prêtre… dernières louanges je mets tous les mots sur la table voilà ils sont à toi oui tous mes mots te reviennent… c’est pour que tu te souviennes… tous mes mots pour après et puis c’est à toi les lettres aussi.
Dans ma chambre… partout sur le lit, sur les meubles elles sont là… aveugles et perdues sur le sol, lettres éparpillées… déchirées.
Et déchirantes.
N’attendent que toi alors je marche sur elles… je me vautre sur ce tapis d’enveloppes éventrées, je les enlace, mots qui me glacent… me terrassent aussi.
Maintenant j’enfouis mon visage dans ces papiers froissés… caresse mes dépouilles endormies… embrasse les mots écrits et ma langue sur tes douces rondeurs, là juste entre les mots et puis derrière aussi où ta langue est passée… petit goût salé de nos baisers sans bouche… je le fais à chaque fois.
Sur toutes les lettres excisées, il y a l’odeur de nos tendres baisers et puis parfois aussi, il y a les cris noirs des longs appels… bouche rageuse pour ton nom effrayant.
D’illusions perdues.
Parfois aussi, il y a les mots en furie… les mots de la douleur…les mots de toutes les peurs et ton absence, je n’en peux plus !
Mots sur des papiers griffonnés… mots griffures.
Il y a l’usure des mots… je crois que tu ne veux plus mon amour… tu sais c’est pour ça que je dois tout te laisser… pour que tu saches.
Maintenant je vois… il y a des murs qui se resserrent sur moi… les mots irréparables qui m’enterrent peu à peu et ma vie à l’envers.
Où es-tu ? Il y a la peur et l’horreur… le trou noir.
Reviens me voir… reviens jusqu’à ma bouche me donner l’espoir. Je suis sur les lettres… mon corps lourd sur les lettres… je ne veux plus quitter la chambre je ne veux plus sortir… je suis dans le lit des lettres… je suis avec les mots des lettres et contre ma peau les mots que j’écrase… écrasés… étouffés, mots hébétés que je broie… mots difformes, battus à mort, maintenant moribonds et puis surtout toi…
Partout… toi sur moi, douce et délicate, et je me recouvre de toi… tous les mots dans ma bouche.
Cousue.