Ce livre dont le thème principal est la maltraitance infantile est original dans la mesure où il exprime ma personnalité et mon vécu, bien qu’il y ait des modifications de part et d’autres. Il est aussi une sorte d’outil qui vise à mettre à nu la maltraitance dont est victime un enfant qui vit ailleurs que chez ses parents, et appelle à porter un regard neuf sur ce type enfant.

Extrait

Il était déjà 22 heures : j’étais dans les rues de Yaoundé seule et abandonnée, cette fois ci pour de vrai. Est-ce que c’était une bonne idée d’être partie de chez ma tante ? Peut-être il était mieux pour moi d’aller chez mes parents que d’aller chez une inconnue ! Et dire que je la comparais déjà à Eveng, cette Ketcha de merde ! Mais… en parlant d’Eveng, comment cette fille est-t-elle apparue là-bas ?

Cette question m’a bouleversé au point où je me suis assise à même le sol, je n’avais même pas remarqué que la rue était déserte et que j’étais dans un noir profond. Je me suis juste assise et j’ai posé mon sac à dos sur mes pieds. Je me suis mise à penser à Eveng. À la façon dont nous nous étions rencontrés, c’était trop évident. On aurait dit qu’elle était là pour moi, c’est comme si elle était venue dans cet établissement pour moi !

Ma mère m’avait toujours dit que les anges existaient, mais qu’ils étaient esprit. Mais si Dieu l’avait mise dans ma vie sous forme d’être humain juste pour me permettre de ne pas entrer dans la zone rouge ? Parce que si elle n’avait pas été là je ne sais pas ce que je serai devenue et je ne sais pas dans quoi je me serai fourrée ! Oui, elle est un ange cette fille, Blessing est un ange, elle est une bénédiction comme son nom le dit si bien.

Bien que dans la rue, sommeil a eu raison de moi, j’avais longtemps parlé du rejet, de la solitude, de la mort etc.… voilà que je me retrouvais exactement dans ça, parce que j’étais consciente qu’il pouvait m’arriver n’importe quoi dans cette rue là, mais je me suis quand même endormie étant donné que la fatigue avait pris le dessus.

J’ai été réveillée par des éclats de voix d’hommes venant de gauche à droite. Je me suis rapidement levée, j’ai même voulu fuir mais il était trop tard, ces gars m’encerclaient déjà. Ils étaient au nombre de trois et je n’étais qu’une petite fille de 13 ans.

— Comme elle est belle… Avait crié l’un d’entre eux.

— Ouais et elle est encore bien fraîche ! Allez !!! Faisons-lui sa fête et on s’en va. Qui saura que c’est nous ?