Le thème principal de ce livre est l’avortement, mais il y a toute une magnifique histoire d’amour le temps d’un voyage au bout du monde. S’en suit une terrible histoire d’abandon et de chute. Tout cela vécu dans l’adolescence d’une jeune fille un peu perdue mais courageuse de ce qu’elle va vivre puis endurer. L’IVG était déjà légale, mais étant une mineure de 16 ans, j’ai trafiqué des papiers et j’ai inventé une montagne de mensonges pour ne pas mettre mes parents au courant. Ça a marché, mais dures ont été les conditions et les conséquences. Ce récit s’adresse aux jeunes filles, aux mamans, aux mamies, aux soignants des cliniques, mais également aux politiques qui voudraient sans cesse revoir le droit à l’avortement. Je suis née l’année de la loi Veil, en 1975, c’est juste une coïncidence en rapport avec mon récit, mais qui a renforcé pour moi le slogan féministe « Mon corps, mon choix.»

Extrait de  Adolescence, Amour, Avortement  de Sylvie Fontany

« J’écoute une cassette de slows, des balades rock qui me font toutes pleurer et pourtant, même si je ne comprends pas toutes les paroles, pour moi, elles représentent maintenant Bali, le club, l’île, Pascal et toutes les merveilleuses choses qui m’entourent. Les deux premiers morceaux de la face B sont mes préférés. Chaque fois que je les écoute (même plus tard dans ma vie), je ne peux empêcher mes larmes de couler, les souvenirs de revenir, jamais je n’oublierai.
Mes parents vont et viennent dans l’appartement voisin et ils mettent bien une heure à se caler et s’endormir. Aux environs de trois heures du matin, lorsque je me relève, je ne prends pas la peine de mettre des chaussures. Le sol est aussi chaud que l’air même à cette heure du matin. J’ouvre tout doucement et, en prenant mon temps, ma porte d’entrée puis je sors. Je coince une chaussure dans l’entrebâillement pour éviter qu’elle ne se referme et fasse du bruit, mais au cas où, je laisse aussi mon pass dans la fente. Discrètement, je pars pieds nus et j’emprunte un raccourci qui évite de passer devant la porte de mes parents. Je me dirige vers l’appartement de mon cher et tendre. Comme il me l’a promis, son pass est dans la porte, il ne me reste plus qu’à ouvrir et aller le rejoindre. Après une grande inspiration de bonheur, j’entre-ouvre et me laisse transporter tout droit vers sa chambre. Il est là, devant moi, allongé sous les draps. Il dort. C’est tellement beau de le voir étendu ainsi sous mon regard affamé ! J’attends quelques secondes, puis je l’embrasse tendrement sur la joue pour le réveiller, mais il dort profondément. J’allume alors une cigarette et le dévisage sans bouger ni parler. Après quelques minutes, il ouvre les yeux et m’aperçoit. Il se lève, m’embrasse et regarde l’heure. Je m’excuse en lui disant que je l’avais prévenu que je risquais d’arriver tard, mais pour lui, ce n’est toujours pas grave. On discute un moment, puis il passe sa main par l’ouverture de ma salopette en dessous de mon bras et aboutit sur mon sein droit. »