Andiamo ragazzi raconte les aventures et pérégrinations de classes d’italien. Cette fascination pour l’Italie (le Bel Paese) que j’ai depuis l’adolescence, j’ai voulu la partager tout en racontant mes aventures transalpines avec collégiens et lycéens.

Au fil des régions et des villes visitées, vous suivrez nos flâneries culturelles souvent pleines d’imprévus. La connaissance et la fantaisie se sont alliées pour faire découvrir aux élèves un pays aux multiples facettes, pays dont ils avaient déjà le plaisir d’étudier la langue. Ces voyages ont été indiscutablement le prolongement des cours d’italien et ont été marqués par de jolis moments que je raconte ici avec plaisir et émotion.

Extrait

(…) L’orchestre de musiciens fit tout aussi pour aller à la rencontre des jeunes et la musique de Vivaldi reste accessible sachant que le public n’est pas forcément aguerri au classique. Le chef d’orchestre et violoncelliste était d’ailleurs très facétieux et j’entendis dans les rangs derrière quelques gloussements furtifs qui montraient au moins que tout le monde se laissait embarquer dans cette ronde musicale à la gloire de Venise.

Ce sont des moments de pause délicieux dans les voyages où l’on est, soi-même en tant qu’organisateur, déchargé de la pression, pouvant ainsi profiter de la parenthèse offerte avec les élèves. Laisser son esprit divaguer au son de la musique, prendre le temps d’observer quelques détails artistiques des lieux, bref un ressourcement essentiel qui m’a toujours permis de garder d’excellents souvenirs de ces expéditions scolaires ! Retrouver l’espace d’une heure une bulle de tranquillité, le groupe est sous contrôle et on partage quelque chose ensemble. En tant que professeur il faut savoir s’entourer sur place et proposer des activités qui feront encore mieux prendre le pouls de l’endroit.
Prendre le pouls, l’expression est juste, un voyage n’est pas qu’une déambulation touristique et photographique. Regarder, écouter, s’arrêter, respirer pour profiter de l’instant, observer la rue et son effervescence, se poser à une terrasse quelques instants pour capter l’authenticité des lieux et à Venise ils sont nombreux les endroits loin de l’affluence parfois asphyxiante et oppressante de Saint Marc et de Rialto. De ce concert je garde aussi un souvenir intense du retour à l’hôtel avec cette équipée joyeuse remplie de Vivaldi qui arpentait les calli, (ruelles) sombres et étroites, à cette heure, pour nous seuls. Les pas allègres de cette jeune troupe infatigable raisonnaient sur les pavés, sous les portiques, quelques-uns s’étaient mis à chanter un air bien loin des notes de Vivaldi, Bella Ciao avait le vent en poupe ces dernières semaines à la suite d’une série espagnole qui faisait rage sur nos plateformes.

La cité des Doges lâchait prise, commençant à peine à s’assoupir, libérée jusqu’au lendemain des touristes diurnes, de ceux qui ne connaîtraient jamais l’autre Venise, déserte, tranquille, nimbée dans une légère brume qui la rendait mystérieuse. C’est un précieux conseil à qui visitera cette ville, s’y promener la nuit vous embarque dans son intimité et dans une forme d’intemporalité. C’est comme rêver les yeux ouverts avec cette sensation incroyable que d’un seul coup elle ne respire que pour vous.

Matera, printemps 2022