Le livre « Isabelle en sables mouvants » est construit comme un conte contemporain : La situation sociale d’une femme va basculer à cause d’un évènement inattendu. Elle était sereine, elle vivait comme une princesse, elle pensait garder son bonheur éternellement mais son existence va virer au cauchemar.
L’histoire d’Isabelle nous entraîne dans un monde réel qui réside au-delà des villas de la banlieue parisienne chic et verdoyante. Isabelle va expérimenter un nouveau chapitre de son existence sans y être prête, elle va perdre ses repères et tenter tout simplement de survivre en dehors de ses murs protecteurs. Isabelle devra « gagner » sa vie pour ne pas sombrer, pour ne pas périr. Elle sera confrontée au pire.
Retrouvera-t-elle le calme et l’équilibre d’antan après la tempête ?

Ce livre s’adresse à toutes les femmes. Il évoque l’importance de l’autonomie et de la capacité à subvenir à ses besoins car malgré des lois protectrices, nous ne sommes à l’abri de rien lorsque les ressources sur lesquelles nous comptions disparaissent.

Les deux jours qui suivirent se déroulèrent de la même façon. Il rentrait, prenait sa douche, dînait et montait se coucher et elle ne lui posa plus aucune question.
Isabelle avait décidé d’attendre qu’il revienne à de meilleurs états d’âme. Elle espérait qu’il se calme et qu’il lui parle franchement de ses problèmes. Elle refoulait systématiquement toutes les idées noires qui lui passaient par la tête. Elle préparait un dîner, elle ouvrait une bouteille et priait pour qu’il l’embrasse, pour qu’il lui présente des excuses et lui explique son comportement inopportun.
Mais ce soir-là, elle craqua.
Lorsque Renaud ouvrit la porte pour rentrer, il titubait. Il se prit les pieds dans le guéridon et poussa un juron. Il poursuivit son chemin jusqu’au salon où Isabelle lisait.
— T’as vu ? l’agressa-t-il, t’as vu ce que je suis devenu ?
— Tu as bu ?
— J’ai bu et je t’emmerde. Tu me fatigues.
— Qu’est-ce qu’il te prend ? Pourquoi tu me parles comme ça ? Qu’est-ce qu’il se passe Renaud ?
— Il se passe que j’en ai marre.
Il s’assit sur le fauteuil et lui sourit. Ses yeux rouges faisaient peur à voir. Il était complètement ivre.
— Si tu voulais bien me dire ce que tu traverses, je pourrais peut-être t’aider ? dit-elle calmement en s’approchant de lui pour lui caresser le bras.
— Lâche-moi. Ne me touche pas. Je suis maudit. Je suis le pire des hommes, bredouilla-t-il.
— Il y a une femme au cœur de ce tourment, c’est ça ?
Il se mit à rire fort et se releva. Il dut se tenir au dossier du fauteuil pour ne pas tomber.
— Réponds-moi. Tu as une maîtresse ? Lui redemanda Isabelle.
— Arrête tes conneries. Moi, une autre femme ?
Et il repartit à rire en s’éloignant. Il eut beaucoup de mal à monter les escaliers et s’affala sur le lit tout habillé.
Isabelle se prépara une couche dans une autre chambre et cette fois, elle pleura de bon cœur. Il se passait forcément quelque chose de grave. Il ne s’agissait pas d’une simple crise dans ses affaires. Elle eut envie d’appeler Louis mais se retint. Elle n’avait jamais interféré dans ses affaires, dans sa collaboration avec Louis ou posé de questions sur ses dossiers, elle ne souhaitait pas commencer pour envenimer le conflit.

En quittant le parking, elle avait la nausée. Elle n’avait pas songé à apporter un repas et son estomac se rappelait à elle.
Elle rentra chez elle et se jeta sur le réfrigérateur pour y trouver de quoi se restaurer. Renaud la regardait, appuyé contre un meuble.
— Pourquoi tu restes à me regarder de la sorte ? demanda-t-elle la bouche pleine.
— Tu as fait ta première journée ?
— Oui, tu veux peut-être que je te raconte ?
— Si tu veux, je t’écoute.
— Tu ne manques pas de culot Renaud. Je n’ai pas envie de te parler. Tu me mets dans une position difficile et j’ai du mal à l’accepter. Laisse-moi s’il te plaît, je suis épuisée.
— Un verre de vin ?
— Si tu veux, j’ai grand besoin de me détendre.
Il ouvrit la bouteille et la servit délicatement.
— J’ai accepté d’avancer la date pour signer la vente et le divorce.
— Quoi ? Mais je ne suis pas prête, je n’ai pas trouvé de logement. Tu exagères, comment je vais m’en sortir si ça devient plus compliqué chaque jour ?
— Pas d’affolement, la date est avancée de deux jours. Nous sommes presque à la fin du mois d’avril, il te reste un peu moins d’un mois pour trouver un appartement.
— Je n’y arriverai jamais, je travaille tous les jours sauf le dimanche. Quand veux-tu que je trouve du temps pour chercher ?
— Je vais t’aider. Demain je rencontre un ancien collaborateur qui connaît du monde, je peux lui…
— Demande-lui un boulot mon chéri, ce serait le meilleur plan pour nous deux.
— Je vais le solliciter afin qu’il fasse marcher ses relations. Pour mon boulot, je suis grillé dans la région. L’histoire a fait le tour des réseaux sociaux. On rembourse et je fuis en Australie. Ne reviens plus là-dessus, tu seras mignonne.
Isabelle se resservit un verre et monta se coucher. Demain, elle devait se lever encore plus tôt que la veille.